Les métiers dans les organisations professionnelles agricoles

Le secteur des organisations professionnelles agricoles offre de nombreuses opportunités pour les diplômés de l’enseignement agricole. Cependant, des profils plus généralistes faisant preuve d’une réelle sensibilité au milieu peuvent également pleinement s’y insérer. Anne-Claire Lefloch, chargée de mission à l’Apecita, nous en dit plus sur ce sujet.

Par leur diversité, les organisations professionnelles agricoles (OPA) offrent des opportunités variées en matière d’emploi. Nous y trouvons de nombreux postes liés au conseil à destination des agriculteurs, à l’animation de groupes et au développement agricole (animateur syndical, conseiller technique, chargé de mission…) qui s’adressent essentiellement à des titulaires de diplômes de niveaux Bac + 2 à Bac + 5. Puisque les missions proposées demandent une connaissance technique assez pointue, les titulaires de diplômes issus de l’enseignement agricole sont particulièrement recherchés (BTSA, licences professionnelles, ingénieurs…).
Dans le cas des chambres d’agriculture, les profils de recrutement s’ouvrent essentiellement aux titulaires de diplômes du troisième cycle (biologie, économie et gestion, droit, aménagement, environnement). Face à des agriculteurs de mieux en mieux formés et en attente de conseils solides, les écoles d’ingénieurs dans les domaines de l’agriculture ou de l’agroalimentaire sont la voie privilégiée d’accès au métier de conseiller. Si l’OPA intervient sur une filière spécifique (élevage, grandes cultures, agroéquipement…), une spécialisation en lien avec le secteur concerné peut être appréciée.
Notons cependant que ces métiers ne sont pas exclusivement réservés au profil agri/agro, mais les candidats « non-agri » devront faire preuve d’une réelle sensibilité pour ce milieu afin d’espérer pouvoir décrocher le poste !

Juridique, fiscalité : des profils bien spécifiques
Le secteur des banques et des assurances offre également de nombreux débouchés. Les postes sont souvent accessibles à des niveaux de diplômes allant du Bac + 2 au Bac + 5 : soit des profils agri/agro qui pourront être formés en interne aux métiers de la banque, soit des profils généralistes (BTS banque, BTS MUC, DUT techniques de commercialisation…) qui devront s’immerger dans le monde agricole. Les agriculteurs sont également demandeurs de conseils juridiques et fiscaux. Les profils dotés de compétences sur ces questions (comme des diplômés de l’Ihedrea(1)) sont ainsi très recherchés.

(1) Institut des hautes études de droit rural et d’économie agricole.

IAE de CAEN : Des conseillers généralistes

Chaque année, une quinzaine d’élèves ou d’apprenants préparent la licence professionnelle conseil en entreprise agricole à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Caen. Le lycée agricole de Saint-Lô assure les cours spécifiquement agricoles, et l’IAE gère ceux qui concernent les sujets transversaux, de gestion, de management et de marketing. « Notre objectif est de former des conseillers généralistes afin qu’ils aient une approche globale de l’entreprise. Cela leur permet ensuite d’intégrer des organisations professionnelles agricoles telles que des chambres d’agriculture, des coopératives ou des négoces, des banques, des assurances ou des centres de gestion », précise Philippe Piard, maître de conférences à l’IAE de Caen. Les profils des étudiants qui suivent ce cursus sont très variés. Les uns ont suivi une formation agricole, les autres des cours plus administratifs (en gestion, en comptabilité, en management, en marketing, en communication…). Aussi, lors de leur première année, une remise à niveau personnalisée leur est proposée. La formation comprend également un projet tuteuré. Les étudiants qui optent pour des cours en alternance restent parfois dans l’entreprise où ils ont effectué leur contrat, mais nombreux sont ceux qui décident de poursuivre leur formation en master. À partir de l’an prochain, le Conservatoire des arts et métiers (Cnam) succédera à l’IAE de Caen pour les formations liées à la gestion.

IHEDREA : Une école unique en Europe

L’Ihedrea fête ses 70 ans cette année. « C’est la seule école en Europe qui forme – en quatre ou cinq ans – des manageurs en agriculture et en agroalimentaire, souligne Christian Ouillet, directeur de l’établissement. Dès la première année, des stages et des missions de terrain sont pratiqués en entreprise. C’est notre point fort. » Les thèmes étudiés sont en lien avec les besoins des OPA. Cinq programmes, allant de Bac à Bac + 5, s’offrent aux étudiants. Ils peuvent obtenir le titre de conseiller en droit rural et économie agricole en quatre ans. Hormis lors des deux premières années de ce cursus, les enseignants sont presque tous issus du milieu professionnel. En quatrième et en cinquième année, certains étudiants peuvent se spécialiser, sous le régime de l’alternance, grâce à un MBA en affaires internationales agricoles et agroalimentaires ou bien un MBA manager de projets fonciers immobiliers écoresponsables. D’autres peuvent choisir le master management des entreprises et entrepreneuriat, filières agricoles et agroalimentaires. Enfin, un master universitaire droit du patrimoine et expertise foncière est proposé en partenariat avec l’université d’Amiens. De nombreuses structures, comme la FNSEA et les
FDSEA, embauchent ces étudiants. Les OPA recherchent des profils qui présentent une bonne connaissance des spécificités du monde agricole ou qui maîtrisent les rouages de Bruxelles, et qui comprennent la PAC ainsi que les enjeux internationaux.


IFOCAP : L’institut s’adapte aux demandes spécifiques

Depuis 1959, l’Ifocap(1) forme des agriculteurs et des collaborateurs des organisations professionnelles agricoles. Chaque année, environ 2 000 journées stagiaires sont effectuées, en présentiel ou en distanciel, par les formateurs de l’institut. « Pour les salariés, la formation s’effectue au sein des structures qui le demandent, avec un programme le plus souvent à la carte et en fonction de leurs besoins. Souvent, ces formations interviennent dans le cadre d’un projet où de nouvelles compétences sont requises en matière de communication, de stratégie de vente, de nouvelles prestations de services, ou d’adaptation de la structure à des données nouvelles », spécifie Laurent Mingam, nouveau directeur depuis juillet dernier. Comme de nombreux centres, le financement de ces formations provient de la prestation elle-même, mais aussi de Vivea, d’Ocapiat et de fonds publics.
(1) Institut de formation des acteurs du monde agricole et rural.

Source : Cahier expert « L’emploi dans les OPA, 2020 »
Crédit photo : JULIEN EICHINGER/ADOBE STOCK