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Sylvie MELONI : smeloni@apecita.com
Cécile MILLET : cmillet@apecita.com

Les métiers de la recherche ne se limitent pas aux chercheurs

Quels sont les débouchés dans le secteur de la recherche et du développement ? Quelles sont les compétences recherchées par les recruteurs ? Quelles sont les structures qui offrent des opportunités dans cette filière ? Autant de questions auxquelles répondent Cécile Millet et Sylvie Meloni, de l’APECITA.

Avant d’évoquer les métiers de la recherche, il convient de préciser ce que l’on entend par le terme « recherche ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Sylvie Meloni : La recherche et le développement expérimental (R&D) englobent les travaux de création entrepris de façon systématique en vue d’accroître la somme des connaissances pour de nouvelles applications. Nous distinguons, au sein de la R&D, trois types d’activité. Tout d’abord, la recherche fondamentale. Elle consiste en des travaux expérimentaux ou théoriques qui concourent à l’analyse des propriétés, des structures, des phénomènes physiques et naturels, en vue d’organiser en lois générales, au moyen de schémas explicatifs et de théories interprétatives, les faits dégagés de cette analyse. Ces travaux sont entrepris soit par pure curiosité scientifique (recherche fondamentale pure), soit pour apporter une contribution théorique à la résolution de problèmes techniques (recherche fondamentale orientée). Ensuite, il existe la recherche appliquée. Cette dernière est entreprise soit pour discerner les applications possibles des résultats d’une recherche fondamentale, soit pour trouver des solutions nouvelles permettant d’atteindre un objectif déterminé choisi à l’avance, comme évaluer les effets du non-labour sur la disponibilité de l’azote. Elle implique la prise en compte de connaissances existantes et leur approfondissement dans le but de résoudre des problèmes particuliers. Le résultat d’une recherche appliquée consiste en un modèle probatoire de produit, d’opération ou de méthode. La recherche appliquée permet la mise en forme opérationnelle des idées. Les connaissances ou les informations tirées de la recherche appliquée sont généralement susceptibles d’être brevetées ou peuvent être conservées secrètes. Enfin, nous distinguons le développement expérimental. Il correspond à l’ensemble des travaux systématiques fondés sur les connaissances obtenues par la recherche ou par l’expérience pratique, effectués en vue de lancer la fabrication de nouveaux matériaux, produits ou dispositifs, d’établir de nouveaux procédés, systèmes et services, ou d’améliorer considérablement ceux qui existent déjà. Il inclut la mise au point de prototypes et d’installations pilotes. La R&D exclut de nombreuses autres activités connexes, scientifiques et technologiques, notamment les phases d’industrialisation et de lancement de la fabrication, les études de faisabilité, les travaux administratifs relatifs aux brevets et aux licences, les mesures scientifiques, techniques, commerciales et financières nécessaires à la réalisation d’innovations.

Quelles sont les structures qui proposent des emplois dans le domaine de la recherche ?
Cécile Millet : Il y a bien évidemment tous les centres de recherche publique. Nous distinguons les établissements publics à caractère scientifique et technologique (EPST) – parmi lesquels nous pouvons citer l’Inrae, l’IRD – et les établissements publics à caractère industriel et commercial, comme l’Ademe, le Cirad ou l’Ifremer. Dans le domaine agricole, les instituts techniques agricoles spécialisés par filières de production (céréales, bovins, fruits et légumes, vigne et vin, pomme de terre, lin, plantes aromatiques, médicinales et à parfum…) recrutent également. Rassemblées au sein de l’Acta (Association de coordination technique agricole), ces structures sont, entre autres, des organismes de recherche appliquée, d’appui technique, d’expérimentation ou d’expertise. Elles ont notamment pour mission de répondre aux besoins des filières par la production et par la diffusion de références techniques/ scientifiques et d’outils.
S. M. : Aussi, il ne faut pas oublier qu’une grande partie de la recherche publique en France est réalisée au sein des laboratoires des établissements d’enseignement supérieur que sont les universités, les écoles d’ingénieurs ou encore les instituts nationaux polytechniques. Travaillant souvent en collaboration, les structures regroupent leurs équipes au sein d’UMR (unités mixtes de recherche) ou de GIP (groupements d’intérêt public). Enfin, des fondations et certaines entreprises privées ont également leur propre service de recherche et de développement. Dans nos filières, c’est notamment le cas dans les grandes entreprises agroalimentaires.

Quand on réfléchit aux métiers de la recherche, on pense forcément aux chercheurs. Mais sont-ils les seuls acteurs de cette filière ?
C. M. : Les chercheurs n’iraient pas loin sans tout un appui technique et administratif ! Il ne faut donc pas oublier d’autres postes comme ceux d’ingénieur de recherche, de technicien de recherche ou d’expérimentation, d’assistant ingénieur, ainsi que ceux plus en lien avec les missions de production. Par exemple, dans un institut technique comme le CTIFL, on trouve des métiers en production qui semblent proches de ceux que l’on pourrait trouver dans une exploitation agricole. En revanche, on demandera sûrement au candidat d’être plus méticuleux puisqu’il devra respecter les protocoles mis en place par les chercheurs. Finalement, le monde de la recherche au sens large offre des opportunités du CAP/BEP au doctorat. Au sein de l’APECITA, nous relayons de nombreuses offres de techniciens d’expérimentation qui sont le plus souvent des CDD de deux à six mois, mais aussi des offres d’ingénieur dans le secteur de la recherche et du développement.

Pour accéder à un poste de chercheur, existe-t-il un cursus conseillé ?
S. M. : Pour des postes à responsabilité dans le secteur de la recherche et le développement, comme en agroalimentaire, par exemple, un diplôme d’ingénieur peut parfois être suffisant. Cependant, dans les organismes publics, les postes de chercheur ne s’adressent qu’aux titulaires d’un doctorat. Pour pouvoir faire une thèse, il faut généralement avoir un master (Bac + 5) quand on est passé par la voie universitaire. Mais les ingénieurs peuvent également poursuivre par une thèse sous plusieurs conditions : ils doivent avoir obtenu d’un crédit ECTS suffisant pour l’inscription à l’école doctorale.
C. M. : En revanche, il convient de préciser que le seul doctorat ne suffit souvent plus pour accéder à un poste de chercheur. Il est aujourd’hui fortement conseillé de poursuivre par un post-doctorat en France ou à l’étranger. Cela peut ouvrir vers de nouvelles opportunités, d’autant que notre formation doctorale est très appréciée à l’étranger.

Propos recueillis par Aude Bressolier (Cahier expert « Les métiers de la recherche et du développement, 2020)

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