Votre référent Métiers dans les organisations professionnelles agricoles
Philippe BEAUR : pbeaur@apecita.com
« Au sein des OPA, les recruteurs cherchent des profils polyvalents »
Quels sont les débouchés dans le secteur des organisations professionnelles agricoles ? Quelles sont les compétences recherchées par les recruteurs ? Quels seront les métiers de demain ? Autant de questions auxquelles répond Laurence Stey, référente OPA à l’Apecita.
Quels sont les principaux métiers existants au sein des organisations professionnelles agricoles (OPA) ?
Laurence Stey : Les organisations professionnelles agricoles sont nombreuses et diverses dans le paysage agricole français, elles structurent et représentent le monde agricole. Elles regroupent des agriculteurs sur la base du volontariat et sont gérées par leurs représentants élus démocratiquement. Les OPA interviennent à plusieurs niveaux : la défense des agriculteurs avec les syndicats, l’exercice du métier et la conduite de l’exploitation agricole, et, enfin, la mise en œuvre de la politique agricole.
On y trouve essentiellement des postes liés au conseil, à l’animation et au développement agricole (animateur d’OPA, animateur syndical, conseiller technique, contrôleur laitier, contrôleur vétérinaire, chargé d’études, chargé de mission…). Il existe également des métiers transversaux, en lien avec l’administration, la communication ou encore l’informatique qui sont indispensables pour le bon fonctionnement de ces structures. Il est à noter que les OPA offrent aux salariés des perspectives d’évolution et que la mobilité géographique accentue les opportunités.
Voit-on se développer de nouveaux métiers, des métiers d’avenir ?
L. S. : Depuis quelques années, la prise en compte des questions de traçabilité, de développement durable et de respect de l’environnement devient de plus en plus importante dans le paysage agricole français. C’est pourquoi nous avons vu apparaître, au sein des OPA, de nouveaux métiers de conseil en lien avec ces thématiques. En pleine transition agroécologique, le métier de conseiller ne cesse d’évoluer. Aujourd’hui, il est nécessaire qu’il ait une vision globale du fonctionnement de l’exploitation et pas uniquement d’un atelier de cette exploitation. Le conseiller doit également s’impliquer dans des dynamiques collectives et travailler davantage avec d’autres réseaux d’acteurs. Cela implique un changement de posture. De plus, nous remarquons que cette transition agroécologique s’accompagne d’une révolution numérique, qui, elle aussi, va avoir des répercussions sur les métiers au sein des OPA. En effet, la génération de flux de données issues de la production et de la commercialisation agricole va s’accompagner d’un nouveau volet de conseil prenant appui sur l’analyse et sur le traitement de masse, afin d’identifier les leviers et de sélectionner les techniques les plus adaptées pour réduire l’empreinte environnementale, tout en préservant l’efficacité économique des exploitations. Enfin, alors que le contexte réglementaire ne cesse d’évoluer, les agriculteurs sont de plus en plus demandeurs de conseils juridiques et fiscaux. Les profils dotés de compétences sur ces questions sont ainsi très recherchés.
Ces différents métiers sont-ils accessibles à tous les niveaux de formation ? Si oui, quels sont les niveaux, voire les diplômes les plus recherchés ?
L. S. : Les postes en conseil et en animation s’adressent habituellement à des titulaires de diplômes de Bac + 2 au Bac + 5. Mais force est de constater que le diplôme d’ingénieur est le plus recherché pour les postes de conseiller. Cela peut s’expliquer par le fait que les agriculteurs qu’ils seront amenés à conseiller sont de mieux en mieux formés, mais aussi parce que nous attendons d’eux de bonnes capacités d’analyse, de synthèse, de rédaction, voire de management. La connaissance technique restant cependant primordiale dans ces métiers, les profils agri/agro sont souvent préférés à ceux universitaires. Pour autant, ces postes ne sont pas fermés pour les candidats « non agri », mais il faudra que ces derniers fassent preuve d’une réelle sensibilité pour ce milieu.
Quelles sont les compétences attendues par les recruteurs ?
L. S. : Ces derniers recherchent avant tout des personnes ayant un bon bagage technique, puisqu’elles seront amenées à conseiller directement les agriculteurs. Mais ils sont également très sensibles au savoir-être des candidats : leur motivation, leurs capacités d’écoute, de transmission de connaissances et d’animation de groupes sont autant d’éléments qui peuvent peser dans la balance. Les recruteurs cherchent aussi des profils polyvalents. Enfin, les compétences plus spécifiques en lien avec les nouvelles attentes de la profession (environnement, développement durable, juridique, fiscal…) restent des atouts supplémentaires.
Globalement, comment se porte le marché de l’emploi dans la filière ? Est-il actif dans toutes les régions ?
L. S. : Le marché de l’emploi dans les OPA reste actif dans toutes les régions puisque ces dernières sont présentes sur l’ensemble du territoire. Les sièges nationaux se situent essentiellement en Île-de-France, mais la majorité de ces structures sont ancrées dans les régions, voire dans les départements. D’ailleurs, il existe des spécificités régionales sur certains postes en lien direct avec les productions (conseiller en élevage, conseiller viticole…). À chacun de trouver la région qui lui correspond ! En revanche, nous constatons depuis quelques années une volonté de mutualisation des compétences intra et inter-OPA. Cela se traduit par une stagnation des offres d’emploi proposées par ces structures.
Existe-t-il des métiers dits « en tension », où les employeurs connaissent des difficultés à recruter, et si oui, comment l’explique-t-on ?
L. S. : Comme j’ai pu le préciser précédemment, les candidats ayant des compétences aussi bien agricoles que fiscales, foncières ou juridiques sont aujourd’hui très recherchés. Il faut noter que sur ces profils, les OPA sont en concurrence avec d’autres secteurs hors du monde agricole et dans lesquels, les rémunérations proposées peuvent s’avérer plus intéressantes. C’est aussi le cas pour les métiers supports (comptabilité, informatique…). Enfin, il faut également souligner que les difficultés de recrutement peuvent différer en fonction des territoires, certains attirant plus que d’autres.
Propos recueillis par Aude Bressolier (Cahier expert « L’emploi dans les organisations professionnelles agricoles, 2020)