Le secteur du paysage offre de réelles perspectives d’évolution

Dans le cadre de ses nouveaux services, l’Apecita, le spécialiste de l’emploi et de la formation en agriculture, agroalimentaire et environnement, a mis en place parmi ses conseillers, un réseau de référents. Son but est d’apporter aux candidats une vision de l’état du marché, les débouchés et les problématiques de chaque filière. Nathalie Riou et Margaux Courseau nous apportent leur éclairage sur la filière paysage.

Quels sont les principaux métiers de la filière paysage et quels sont les principaux diplômes pour y arriver ?
Nathalie Riou : Cette filière est un secteur très diversifié qui compose avec de nombreux métiers. Le secteur du paysage offre des emplois variés, de la conception à l’entretien en passant par la réalisation de jardins particuliers, de parcs urbains ou d’ensembles sportifs, le paysagisme d’intérieur mais aussi les opérations de boisement et de reboisement. Ce sont principalement des métiers de terrain (80 % des emplois du secteur sont des postes de chantiers). Dans le domaine de l’entretien et de la réalisation on trouve les métiers d’ouvrier paysagiste, maçon du paysage, chef d’équipe, chef de chantier, conducteur de travaux, paysagiste/décorateur d’intérieur, responsable des espaces verts d’une collectivité. Pour le domaine du boisement ou du reboisement, on a les postes d’élagueur/ grimpeur, reboiseur. Dans le domaine de la conception, ce sont des postes d’assistant concepteur, concepteur du paysage, d’architecte paysagiste, dessinateur, technicien bureau d’études, responsables d’études. Dans le domaine des matériels, on y trouve les postes de conducteur d’engins, responsable de matériel, mécanicien. Le domaine de la vente et de la comptabilité/gestion englobe les postes de technico-commerciaux, secrétaire, comptable, les chefs d’entreprise. L’enseignement et la formation couvrent les métiers d’enseignant, formateur, moniteur/ éducateur spécialisé.
Margaux Courseau : Cette importante diversité de métiers est accessible à tous les niveaux de formation, du CAP agricole jardinier-paysagiste à l’ingénieur, en passant par le bac pro, le BTS et la licence professionnelle. Ces formations sont dispensées par le biais de la formation initiale scolaire ou par la voie de l’alternance. D’autre part, avec la formation tout au long de la vie, les salariés et les chefs d’entreprise ont la possibilité d’enrichir leurs connaissances. Ils peuvent se perfectionner par le biais de la formation continue et des qualifications professionnelles (CQP) pour acquérir des compétences spécifiques reconnues dans le domaine.

Quelles sont les qualités et les compétences qui peuvent « séduire » les recruteurs ?
N.R. : La principale capacité attendue par les recruteurs est la qualification c’est-à-dire la technicité et la bonne connaissance des végétaux. La motivation est aussi un point important. Les métiers de l’entretien et de l’aménagement nécessitent d’avoir de bonnes aptitudes physiques. Du sérieux, un sens de l’observation, de l’organisation, de la réactivité et de la disponibilité sont également des qualités recherchées. Des aptitudes au travail en équipe sont souvent demandées, notamment pour les chefs d’équipe, ainsi qu’un bon sens du relationnel pour transmettre les consignes. Pour les métiers en relation avec la clientèle ou les fournisseurs, des compétences commerciales et un bon sens de l’écoute sont attendus.

Globalement, comment se répartit l’emploi dans la filière ?
M.C. : D’après les chiffres de l’Unep, le chiffre d’affaires global du secteur se stabilise, dépassant les 5 milliards d’euros. On compte aujourd’hui 28 600 entreprises adhérentes. On dénombre plus de 91 000 actifs, dont environ 65 000 salariés. Au total, 73 % des structures ont moins de 10 salariés. Les structures de plus de 6 salariés représentent seulement 11 % des entreprises du paysage, mais près de 72 % du chiffre d’affaires de la profession. Les régions Paca, Auvergne-Rhône-Alpes et Nouvelle-Aquitaine concentrent à elles seules respectivement 17, 13 et 12 % des structures sur le territoire. En outre, le chiffre d’affaires se concentre principalement en Île-de-France, Paca et Auvergne-
Rhône-Alpes. Ces trois régions génèrent à elles seules plus de 40 % du chiffre d’affaires total.

Quels sont les principaux atouts de cette filière ?
N.R. : Tout d’abord, le secteur du paysage propose de réelles perspectives d’évolution. Nombreux sont les chefs d’entreprise, les conducteurs de travaux ou les directeurs d’agence qui ont commencé comme ouvriers paysagistes ou chefs d’équipes. Le secteur est d’ailleurs composé de nombreuses petites entreprises : 64 % des entreprises n’ont pas d’employés et 25 % ont entre 1 et 5 salariés. Ces entreprises sont aussi « jeunes ». Selon l’Unep, 2 050 entreprises ont été créées en 2016. Plus des deux tiers des entreprises, soit 68 %, ont moins de 10 ans d’existence et près de 60 % des salariés ont moins de 35 ans. Pour ceux qui aiment la nature et les travaux extérieurs, la filière du paysage est attirante car elle donne accès à des métiers « passion ». Les salariés travaillent dans le domaine du vivant : le végétal. Ainsi, les activités évoluent en fonction des saisons. Les métiers sont donc riches et variés.
M.C. : Globalement, le marché du paysage est plutôt en hausse, avec un marché des particuliers qui rebondit et des marchés publics qui confirment leur regain d’activité. Cependant, les marchés privés (hors particuliers) restent fragiles. L’activité de création de jardin, elle, a connu un rebond important au premier trimestre 2017 : + 5,5 % de chiffre d’affaires par rapport CDI et 91 % sont en temps plein. Les atouts de cette filière : le marché est globalement stable et pourvoyeur d’emplois.

Existe-t-il des métiers « en tension » où les employeurs connaissent des difficultés à recruter ?
M.C. : Les métiers dans le paysage demandent tous une certaine technicité, pour tous les niveaux de formation. Ce qui veut dire que les candidats ont des compétences spécifiques, qui ne sont pas toujours transposables ou suffisantes pour occuper différents postes dans ce même domaine. La formation peut être un levier à activer pour professionnaliser ses équipes, et/ou si les recrutements de certains profils s’avèrent infructueux.

Voit-on se développer de nouveaux métiers, des métiers d’avenir ?
M.C. : Il n’y a pas réellement de nouveaux métiers mais la filière s’adapte aux nouvelles demandes, notamment avec la gestion durable des espaces verts et l’approche « zéro phyto ». Les collectivités mettent notamment en place de nouveaux projets en lien avec cette démarche. Des recrutements avec cette spécificité sont de plus en plus en train de voir le jour.
N.R. : La filière paysage s’est aussi adaptée aux évolutions législatives, réglementaires et à l’émergence des services à la personne. Les entreprises tiennent de plus en plus compte de l’environnement à travers les techniques utilisées sur le terrain. Les formations proposées par les centres suivent aussi la tendance en intégrant cette dimension dans les cursus. On voit apparaître des licences professionnelles « gestion environnementale du paysage végétal urbain » ou des spécialisations d’initiative locale « Ecopaysage : de l’aménagement à l’entretien écologique et raisonnés des espaces verts ». Au-delà des travaux de plantation, d’entretien, des entreprises diversifient leurs activités avec par exemple la maçonnerie paysagère, la construction de terrasses, la mise en place de bassins d’agréments. Le paysage est un secteur d’activité ou il est incontournable de confirmer la place de la révolution végétale et de la préservation de l’environnement et de la biodiversité.

Les 5 atouts de la filière
Le contact avec la nature
Un fort potentiel d’évolution
Une grande diversité de métiers accessibles à tous niveaux de formation
Des entreprises de toutes tailles
Des emplois stables et souvent à temps plein

 

Propos recueillis par Aude Bressolier (Cahier expert « Paysage », 2017)