Un marché de l’emploi très différent selon les secteurs
Les métiers de l’environnement sont loin de se limiter à la gestion et la protection de la nature. Les secteurs du traitement des déchets et du traitement de l’eau restent pourvoyeurs de nombreux emplois, souvent méconnus. Sans oublier les métiers des énergies renouvelables qui devraient connaître une forte croissance dans les années à venir.
Traitements des déchets : Le secteur des déchets attire peu, malgré des débouchés nombreux
« Le traitement et le recyclage des déchets, qu’ils soient ménagers, agricoles ou industriels, sont devenus un enjeu majeur du futur. Leur collecte et leur élimination constituent un marché en plein développement. La gestion des déchets représente ainsi, selon le ministère du Développement durable, environ 200 000 emplois en France. Parmi les principaux métiers, on peut citer : ambassadeur/animateur de tri sélectif, agent valoriste, conducteur d’engins, coordinateur de collecte sélective, Opérateur de tri, technicien, conseiller ou ingénieur en traitement des déchets. Mais cette liste est loin d’être exhaustive ! Il existe de nombreuses formations pour accéder à ses métiers : du CAP Gestion des déchets ou opérateur des industries de recyclage au master management de l’environnement des collectivités et des entreprises, en passant par des Bac Pro, des BTS, des DUT et des licences pro. Mais les emplois de la filière sont en grande majorité, peu qualifiés et ne nécessitent pas de formation spécifique en environnement. Mais un rapport du ministère de l’environnement souligne que 17 000 emplois pourraient être créés avec une hausse progressive des postes qualifiés. Car, dans un contexte réglementaire et environnemental favorable, le secteur du recyclage est passé en quelques années d’un stade artisanal à celui d’une industrie de pointe. La volonté est de repousser chaque jour les limites du recyclage, en menant une démarche permanente d’innovations technologiques et de développement de nouvelles compétences : valorisation énergétique, conseil aux collectivités, aux entreprises et aux particuliers… Les diplômés aux profils techniques ou ceux formés à la sensibilisation ont le vent en poupe. Mais la priorité n’est pas seulement de traiter mais aussi de réduire les quantités de déchets. Ainsi, l’éco conception, en amont de la chaîne de production des déchets, constitue également un autre enjeu d’avenir. Pourtant, en dépit des débouchés qu’il offre, le secteur du traitement des déchets attire encore peu les jeunes. Les entreprises rencontrent des difficultés à recruter, notamment pour les postes à responsabilité. Certains métiers, très accessibles y compris sans qualification, souffrent d’une image négative alors même qu’ils sont « en tension » : agent de déchèterie, agent de propreté et d’hygiène… À noter que certains métiers, comme par exemple, celui de conducteur d’engins en industrie du recyclage, offrent des opportunités de reconversion depuis d’autres secteurs industriels. »
Traitement de l’eau : Des carrières possibles dans le public comme dans le privé
« Le domaine de l’eau reste une valeur sûre dans le secteur de l’environnement et maintient un bon niveau de recrutement, toutes catégories confondues. Il emploie près de 50 000 salariés dans des métiers nombreux et très diversifiés : dans le domaine de la collecte et du traitement de l’eau (agent de station d’épuration, canaliseur, égoutier, ingénieur et technicien du service d’assistance technique à l’exploitation des stations d’épuration, responsable de réseau d’assainissement…), dans le domaine de la production et de la distribution d’eau potable (agent d’exploitation de production d’eau potable ou de réseau, technicien en traitement d’eau potable, chef de station…), dans le domaine du contrôle de la qualité de l’eau (agent de la qualité de l’eau, chimiste, agent/technicien de laboratoire…), dans le domaine de l’entretien des réseaux (agent d’exploitation, responsable d’exploitation, hydrocureur), sans oublier les métiers de bureau d’études ou encore ceux de la relation clientèle. Avec le renforcement des activités telles que la recherche de fuites pour l’eau, la lutte contre le gaspillage, l’éducation des consommateurs, de nouveaux métiers se développent et émergent. On peut citer, en exemple, le métier d’ordonnanceur ou planificateur, les métiers de reporting pour la traçabilité des actions ou encore les métiers liés à la biodiversité et au développement durable. Ces nombreux métiers sont bien évidemment accessibles à différents niveaux de formation. Les postes d’agent technique de réseau d’eau potable ou de conducteur de station d’épuration sont généralement ouverts aux titulaires d’un CAP (plombier, agent d’assainissement…) ou d’un BEP (traitements des eaux, électromécanicien…). Les postes de technicien, que ce soit sur le terrain ou en laboratoire, sont généralement accessibles aux Bac Pro, BTS et DUT. En revanche, les postes à responsabilité comme celui de responsable d’usine d’eau potable sont quant à eux généralement réservés à des ingénieurs expérimentés. Mais il est important de savoir que nombre de ces métiers sont accessibles sans diplômes et peuvent bénéficier de promotions internes par adaptation des compétences, par la valorisation des acquis de l’expérience, ou par un accompagnement à la mobilité (professionnelle, géographique). Ainsi, il est possible de faire carrière aussi bien dans le public que dans le privé. Les grandes multinationales n’hésitent d’ailleurs pas à confier des postes à responsabilités à des jeunes diplômés. Les recruteurs recherchent non seulement des qualités techniques en lien avec le niveau croissant de la technologie utilisée, la compréhension des impacts environnementaux et de leurs enjeux mais aussi des qualités relationnelles avec le consommateur (écoute). Cependant, malgré les débouchés nombreux qu’offre la filière, les employeurs rencontrent des difficultés à recruter sur certains métiers (électrotechnicien, responsable de station d’épuration des eaux usées, égoutiers, conseiller clientèle), car ils souffrent parfois de problèmes de représentation ou de méconnaissance. »
Gestion et Protection de la nature : Un secteur fortement concurrentiel
« Dans le domaine de la gestion et de la protection de la nature, on trouve deux grands types de métiers : les métiers liés à l’animation (animateur nature, animateur environnement…) et ceux liés à la gestion des espaces naturels (chargé de mission en environnement, chargé de mission Natura 2000...). On retrouve les postes d’animateurs essentiellement dans le milieu associatif, dans les parcs naturels mais aussi dans certaines structures privées. Les recruteurs recherchent le plus souvent des titulaires d’un diplôme Bac +2/+3 spécialisé environnement, complété par une formation dans le domaine de l’animation (type BAFA1, BPJEPS2…). Le secteur de l’animation en environnement est relativement peu concurrentiel et les jeunes diplômés ne connaissent que peu de difficultés pour trouver un emploi. Cela s’explique notamment par le fait qu’il existe peu de formations spécifiques pour ce type de postes mais aussi en raison des faibles niveaux de rémunération et du fort taux de CDD, en lien avec la saisonnalité de l’activité. Il faut également préciser que les perspectives d’évolution sont relativement restreintes dans ce secteur, si ce n’est de prendre la direction d’une association ou de se destiner vers des postes liés à la gestion. Que ce soit dans le secteur public (conseils généraux, parcs naturels…) ou dans des structures privées type bureaux d’études, le marché de l’emploi dans le domaine de la gestion des espaces naturels est quant à lui bien différent de celui de l’animation. Il faut tout d’abord savoir, qu’en raison du grand nombre de formation dans ce secteur, la concurrence est très élevée et il n’est pas rare de recevoir plusieurs centaines de candidatures pour une offre de chargé de mission Natura 2000 par exemple. Dans ce contexte, les recruteurs peuvent donc se permettre d’être très exigeants. Ils privilégient dans un premier temps les diplômes allant du Bac+3 au Bac+5. C’est pourquoi il est fortement conseillé à un titulaire du BTS de poursuivre ses études s’il souhaite travailler dans ce secteur. Ils sont également nombreux à rechercher des profils de spécialistes (en ornithologie, en botanique…). C’est pourquoi nous conseillons aux étudiants de ne pas se limiter au seul socle de connaissance que leur apporte leur formation mais de se prendre en main en s’impliquant dans le milieu associatif non seulement pour acquérir de nouvelles compétences mais aussi pour se créer un réseau. Mais s’ils recherchent des spécialistes, les recruteurs souhaitent également que les candidats fassent preuve de polyvalence. Ainsi, des compétences en SIG (système d’information géographique) ou dans le domaine juridique pourront peser favorablement dans la balance. Les structures demandent aussi une excellente connaissance des acteurs locaux et des financements. Souvent, les postes proposés sont des CDD de quelques mois. Charge à la personne recrutée de pérenniser son emploi en trouvant elle-même de nouvelles sources de financement. Enfin, une bonne aisance relationnelle reste indispensable puisque le candidat sera amené à travailler en concertation avec l’ensemble des acteurs locaux (collectivités territoriales, entreprises, agriculteurs…). À noter que certains candidats sont de plus en plus nombreux à créer leur propre structure afin de proposer leurs prestations dans le domaine de la gestion des espaces naturels. Mais il n’est pas toujours évident d’assurer un chiffre d’affaires suffisant pour se dégager un salaire... »
(1) brevet d’aptitude aux Fonctions d’animateur
(2) brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport
Energies renouvelables : 300 000 emplois à l’horizon 2030
« Les sources d’énergies renouvelables sont diverses : éolien offshore et onshore, solaire photovoltaïque et solaire thermique, biomasse et biogaz, géothermie, énergie hydraulique. Après une nette progression entre 2011 et 2013 (de 7,5 % à 9,4 %), la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique s’est stabilisée en France métropolitaine. Les énergies renouvelables constituent ainsi la quatrième source d’énergie, représentant 9,4 % des 256,7 Mtep de consommation d’énergie primaire, en 2015, derrière le nucléaire (42,3 %), les produits pétroliers (30,1 %) et le gaz (14,2 %). Rappelons que l’Union européenne a décidé, dans son nouveau Paquet Énergie Climat 2030, d’atteindre 27 % d’énergies renouvelables dans son bouquet énergétique. La France a quant à elle inscrit dans la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte l’objectif de porter la part des énergies renouvelables dans sa consommation brute à 32 % en 2030. Dans ce contexte, le nombre d’emplois dans ce secteur devrait connaître un important développement : de 170 000 emplois actuels, (source Eurobserv’ER) on pourrait passer à 300 000 en 2030. À noter que si les énergies renouvelables se développent sur l’ensemble du territoire, les régions Auvergne-Rhône-Alpes, Occitanie, Paca et Grand-Est sont les régions dans lesquelles on retrouve les productions brutes d’électricité renouvelable les plus élevées (Source : Commissariat général du développement durable) » Dans la filière des énergies renouvelables, il existe différentes familles de métiers : des emplois liés à l’identification, à la recherche/expérimentation de nouvelles techniques (chercheur en géologie, géochimiste, directeur de développement), des métiers opérationnels liés à la mise en place de nouveaux dispositifs (chef de projet opérationnel, chargé d’études, conducteur de travaux), ceux liés à des activités de conseil ou d’animation de réseau de porteur de projets, des métiers très techniques liés à l’exploitation et à la maintenance de site (technicien d’exploitation d’une unité de méthanisation par exemple) sans oublier des postes plus en lien avec le commerce : négociation foncière avec les agriculteurs, conseil et vente des nouvelles techniques (chargé d’affaires, conseiller énergie, commercial).
Sur les annonces diffusées par l’APECITA, ces postes sont à pourvoir en chambre d’agriculture ou autre OPA (près de 25 % des annonces), en bureau d’études ou structures qui accompagnent la mise en place d’un projet/structure de méthanisation (près de 55 % des postes) et plus rarement en collectivités territoriales, en parc naturel, ou dans des associations qui communiquent sur la thématique de la transition énergétique. Ces offres sont réparties à presque quantité égale entre CDD (mini 6 mois) et CDI et concernent, pour moitié, les métiers dans les bureaux d’études pour le conseil, la conception et la mise en place d’unité (chef de projet énergies renouvelables, conseiller en productions d’énergies en agriculture, chargé de mission bois-énergie, chargé d’études environnement). Ces personnes, souvent titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou équivalent, réalisent des pré-diagnostics, rédigent des notes d’opportunités, font des recommandations. On retrouve aussi les métiers de la prospection et de la vente de solutions environnementales auprès d’agriculteurs ou de fédérations (près de 30 % des offres) sont souvent accessibles avec un niveau Bac+2/+3 (formation agricole ou commerciale). Enfin, on peut également citer les emplois de management (responsable unité de méthanisation) ou de technicien dans les unités de production qui nécessitent souvent des compétences en maintenance, électronique… On note également que les métiers annexes à l’agriculture, comme ceux de chargés de clientèle dans les banques par exemple, sont en train d’évoluer, puisqu’on leur demandera une bonne connaissance du secteur pour accompagner au mieux les agriculteurs souhaitant développer ce type de projets.
Source : Tribune Verte (2017)