L’Espagne, le rêve des étudiants français
Du soleil et des fêtes, peut-être. L’Espagne, c’est avant tout 120 écoles et 60 villes étudiantes prisées pour la diversité des universités et des programmes proposés.
Chez les jeunes, l’Espagne conserve sans mal son statut de favorite des destinations étudiantes. Mise en image dans le mythique film de Cédric Klapisch, L’Auberge espagnole illustre bien l’expérience que souhaitent vivre les étudiants lors de leur programme Erasmus. Qui n’a pas rêvé de prendre part, le temps d’un semestre, à cette ambiance festive, accueillante et ensoleillée ? Ces arguments souvent repris ne seraient-ils pas des clichés, plus ou moins éloignés de la réalité ? Oui et non : comme dans tout pays, à chaque ville son caractère. À chacun donc de trouver celle lui qui lui correspondra le mieux, tant au niveau des universités que du cadre de vie. Car il faut bien garder en tête une chose : on n’organise pas un séjour d’étude de la même manière qu’on organise des vacances. De Barcelone à Madrid en passant par Valence, les grandes villes d’Espagne attirent autant que les plus petites comme Séville, Salamanque ou Murcie. Côté praticité, les atouts de l’Espagne ne manquent pas non plus : proximité de la France, coût de la vie peu élevé, diversité des universités et des programmes proposés… Le pays compte plus de 60 villes étudiantes et 120 écoles. Seconde langue la plus étudiée au collège en France, on comprend bien l’engouement des jeunes envers l’Espagne et leur désir de pratiquer la langue.
ATTENTION AUX LANGUES RÉGIONALES POUR LES COURS
Mais attention, dans certaines régions comme la Catalogne, le Pays basque ou la Galice, la langue officielle lors des cours à l’université n’est pas le castillan. Il vaut donc mieux être prévenu ! Tout est prévu toutefois pour aider les étudiants dans l’apprentissage des langues. Les similitudes entre le castillan et les langues régionales permettent aussi de se débrouiller rapidement. Selon les universités, les étudiants ont aussi la possibilité de rendre leurs devoirs écrits et de passer leurs examens dans une autre langue (anglais ou français). Pour s’inscrire dans les établissements, il faut aussi prendre en compte les frais de scolarité. Dans les universités publiques, les coûts sont redéfinis chaque année et varient selon la discipline et les niveaux des enseignements. En 2010-2011, le coût moyen d’une première année de grado (équivalent licence/ bachelor en France) était de 878 euros, et celui d’une année de master de 1 500 euros. Dans les universités privées, les frais de scolarité sont fixés librement, sans aucune limite ; une année de master se situe environ à 8 000 euros. Certaines formations peuvent atteindre près de 20 000 euros l’année ! Au niveau administratif, les démarches pour étudier en Espagne sont assez faciles, pas de visa à acquérir pour les étudiants européens. Par contre, pour un séjour qui excède trois mois, il faut s’enregistrer sur le registre central des étrangers. Cette démarche se fait auprès du bureau des étrangers de la province de résidence ou auprès d’un commissariat de police.
COLOC OU PAS, IL Y A LE CHOIX
Enfin, pour être à l’aise durant son séjour, il ne faut pas négliger l’aspect « recherche de logement ». À chacun de se projeter dans ce qui lui conviendra le mieux. Tout d’abord, la colocation reste incontestablement le meilleur moyen d’améliorer son niveau de langue et de s’intégrer rapidement dans un pays étranger. Pour chercher une colocation, il y a le site www.idealista.com par exemple. Pour les lève-tard, la résidence universitaire permet de vivre à moins d’un quart d’heure à pied de l’établissement. L’esprit « campus » sera également au rendez-vous. Les renseignements sur le prix et les caractéristiques d’une chambre en cité universitaire s’obtiennent souvent directement lors de votre inscription. Pour les plus studieux et ceux qui ont un budget limité, la chambre chez l’habitant reste une possibilité intéressante, une occasion de faire parfois de belles rencontres familiales. Enfin, vivre dans son propre appartement offre définitivement des avantages de taille pour l’indépendance… Et l’organisation de soirées pourquoi pas ?
CAMILLE, INGÉNIEUR AGRONOME SUPAGRO MONTPELLIER
« Madrid, capitale parfaite qui allie qualité de vie et activités culturelles, tout en restant accessible aux petits budgets »
« L’Espagne a été une évidence pour moi en ce qui concerne le programme Erasmus, d’abord parce que j’ai toujours été attirée par ce pays. Sur le plan professionnel, il me permettait de pratiquer la langue, comme je parle déjà bien l’anglais. L’ouverture à l’international a été l’un de mes critères clés lorsque j’ai choisi l’école de Montpellier SupAgro. Car après une classe préparatoire intense à Sainte-Geneviève à Versailles, j’avais envie de quitter Paris pour découvrir une nouvelle région. C’est donc à l’université polytechnique de Madrid que je suis partie étudier tout un semestre lors de ma deuxième année d’école. L’université possède un grand pôle d’agronomie et propose des cours en marketing agroalimentaire et gestion de la qualité, ce qui m’intéressait particulièrement. Les six premières semaines ont été très intenses, car suivre des cours en espagnol demande beaucoup de concentration au début. Toutefois, la plupart d’entre eux ne se déroulent pas en amphithéâtre mais en petit groupe : une moyenne de quinze élèves par classe environ. Il y a donc un bon contact avec les professeurs pour progresser rapidement. Et bien sûr les étudiants espagnols sont très accueillants, tout comme ceux de l’étranger d’ailleurs. L’université possède un grand campus avec des jeunes de toutes les nationalités. Comme mon objectif était de pratiquer l’espagnol, cela m’a paru logique de chercher une colocation hispanophone pour mon séjour. Je suis tombée dans une coloc de rêve et très bien située, près de la Plaza del Sol. C’était un très grand appartement partagé avec dix autres personnes, chacun possédait une salle de bain privative. Il y avait donc un vrai respect des uns et des autres, tant au niveau de la propreté que de l’ambiance de travail. Madrid est vraiment une ville extraordinaire et il y a beaucoup à visiter. C’est une capitale parfaite qui allie qualité de vie et activités culturelles, tout en restant accessible aux petits budgets. En effet, la vie n’est pas très chère là-bas.
Plus d’autonomie, davantage de confiance en soi
Cette expérience d’Erasmus m’a fait acquérir plus d’autonomie et donc davantage de confiance en moi. C’est un peu la première fois que l’on devient vraiment indépendant, par rapport à l’école où nous sommes assez encadrés. Étudier dans un autre établissement est aussi l’occasion de se confronter à d’autres méthodes de travail, ce qui est intéressant pour notre avenir professionnel. Le plus important reste tout de même le côté humain. Je me suis fait des amis de toutes nationalités et je garde encore contact avec eux. D’ailleurs, certains étudiants espagnols sont venus le semestre d’après à Montpellier SupAgro. J’ai ainsi pu leur renvoyer l’ascenseur côté intégration et accueil. Pour ma part, cette expérience en Erasmus a été tellement enrichissante que j’ai décidé de poursuivre l’aventure d’une autre manière, avec une année de césure. Cette fois-ci, j’ai fait trois stages : d’abord dans la pépinière d’entreprises d’Agro Valo Montpellier pour faire une étude de marché pour la filière vitivinicole, puis au CNRS pour un travail de recherche exploratoire sur la « justice écologique » et enfin en Belgique, chez Danone, en tant que chef de projet développement durable dans l’équipe achat. Depuis l’obtention de mon diplôme en octobre 2014, je suis community manager bénévole pour le projet
#ClimAcop21. Il s’agit d’un grand travail de concertation de tous les agronomes de France pour réfléchir aux solutions d’adaptation aux changements climatiques. Je cherche bien sûr du travail en parallèle pour un poste de chargée de mission développement durable dans un grand groupe ou un cabinet de conseil. La particularité étant que je me suis réinstallée dans ma ville d’origine : Paris. En effet, après toutes ces expériences et ces déménagements, je ressens le besoin de me poser et de me rapprocher de ma famille. »
Louise Rubió (Tribune Verte, 2015)
Crédit photo : MIKHAIL MISHCHENKO - FOTOLIA