
Trois parcours agricoles, trois façons d’avoir recours à la formation professionnelle. Qu’ils aient choisi d’emprunter la voie de l’apprentissage dès leur formation initiale, ou en reconversion professionnelle, voici les témoignages de Claudine, Maxime et Nicolas.
Claudine Delbart, étudiante ingénieure, Isara Lyon
« UN CHALLENGE PROFESSIONNEL »
Après 19 ans au sein d’une cave coopérative du Sud-Est, Claudine Delbart a choisi de reprendre le chemin de l’école. Arrivée comme technicienne viticole et évoluant au sein de la structure comme directrice technique et qualité, puis à la direction, elle se lance aujourd’hui un nouveau challenge professionnel, après un bilan de compétences en 2018. « J’aurais pu opter pour une VAE - validation des acquis de l’expérience – mais je souhaitais apprendre de nouvelles choses, élargir mon champ de compétences », explique celle qui a suivi initialement des études de biochimie, et une licence en sciences de la vigne et du vin.
En octobre 2019, elle est rentrée à l’Isara de Lyon après avoir passé des entretiens et des tests, pour intégrer le cycle d’ingénieur en 4e année. « Tous mes collègues sont très jeunes, mais m’ont très bien accueillie, s’amuse-t-elle. Je suis la seule en formation continue. Mais cela m’a ouvert l’esprit, notamment sur les fonctionnements et attentes des jeunes générations. Et de mon côté, j’échange avec eux sur mes expériences en entreprises. C’est très enrichissant ! » Avec cette formation à temps plein, elle n’a pas gardé son ancien poste. « Le but est d’aller vers de nouveau projets professionnels, et non de revenir à mon ancien métier, précise-t-elle. D’ailleurs, cette formation demande une implication totale, notamment un déménagement sur Lyon et un éloignement familial pour ma part. »
Au cours de sa 5e année, elle a choisi une spécialité « management industriel et conception de produits agroalimentaires durables », elle réalise actuellement six mois de stage en entreprise. « J’étudie la montée en performance d’une ligne de production dans une usine de compote, ainsi que le démarrage d’un nouveau site de production. C’est très intéressant ! » Claudine Delbart ne sait pas encore ce qu’elle fera par la suite. « Je souhaite rester dans le secteur agroalimentaire. J’étudierai les opportunités qui se présenteront !
Maxime Monnin, diplômé d’Agricadre, ESA
« UNE GRANDE AUTONOMIE »
Après un bac S au Mans, Maxime Monnin choisit de suivre un BTS agricole, en apprentissage, au CFA de Rouillon (Sarthe). Un choix plutôt original. « J’avais opté pour un bac scientifique qui ne me fermait pas de porte. Mais je souhaitais ensuite du concret et de la pratique au sein du secteur agricole. D’où le choix d’un BTS en apprentissage, indique-t-il. Un autre argument, c’était la rémunération possible en choisissant un contrat pro : un peu moins de 500 euros avant 18 ans, puis 700 euros net mensuels ensuite, en contrat d’apprentissage. Un atout pour gagner en autonomie. » Durant deux ans, il fait son apprentissage dans une exploitation de polyculture-élevage. Ensuite, il tente d’intégrer le cursus Agricadre à l’ESA d’Angers. N’étant pas pris, il opte pour un certificat de spécialisation en grandes cultures, au lycée de Luçon-Pétré, avec un maître de stage dans la Sarthe. « Là aussi, le salaire mensuel permet d’avoir une part d’autonomie financière. » Il retente ensuite Agricadre, et décroche cette fois une place dans la formation, toujours en contrat professionnel, durant deux ans. « J’ai réalisé mon apprentissage au sein d’Agri Négoce, en région Centre. Là encore, la rémunération, autour de 1 000 euros par mois, était un vrai plus pour avoir accès à une formation de qualité comme Agricadre mais avec un coût assez élevé, autour de 5 500 euros/an. » Durant six mois, il découvre le métier aux côtés d’un technico-commercial d’Agri Négoce : accompagnement d’agriculteurs sur l’achat de semences, phytos et engrais, conseils agronomiques, réalisation de plans de fumure… Maxime Monnin reprend ensuite en autonomie une dizaine de clients. Trois mois avant la fin de son apprentissage, Agri Négoce lui réserve même un secteur à lui seul, suite au départ en retraite d’un collègue. « Cet apprentissage m’a apporté une grande autonomie, et l’entreprise m’a fait confiance. Avant même la validation de mon diplôme, j’ai décroché un CDI ! », termine- t-il, satisfait de son parcours.
Nicolas Catoir, exploitant agricole, Nord
« UN CS POUR SE PERFECTIONNER EN MACHINISME »
À 22 ans, Nicolas Catoir est installé depuis le 1er février 2021 sur une exploitation de Thiennes (Nord), en association sur 155 ha avec 75 vaches Prim’Holstein, en assolement blé, colza, maïs, luzerne, betterave sucrière, pois de conserve et pomme de terre. « Je n’ai pas perdu de temps ! reconnaît-il. Mais cette installation rapide est surtout liée au départ en retraite d’un cousin, me permettant de reprendre 65 ha de terres. »
Après le collège, Nicolas Catoir, passionné d’agriculture, suit un bac pro CGEA (conduite et gestion d’exploitation agricole) sur trois ans, au Lycée Sainte-Marie d’Aire-sur-la-Lys (Pas-de-Calais). « J’ai suivi des stages dans des exploitations de polyculture-élevage de la Somme », précise le jeune agriculteur. Après son bac, il veut se perfectionner avec un BTS. « J’hésitais entre un BTS Acse (analyse conduite et stratégie d’entreprise), et un BTS Gdea, (génie des équipements agricoles). Mais ce deuxième BTS m’a été déconseillé, car très technique et compliqué après un bac pro CGEA ou je n’ai pas creusé le machinisme. » Il opte alors pour un BTS Acse en formation continue, à l’institut agricole d’Hazebrouck (Nord), lors duquel il suit des stages sur des exploitations en polyculture-élevage du secteur, ainsi que dans une concession John Deere.
Ensuite, il réalise un CS (certificat de spécialisation) tracteurs et machines agricoles au lycée agricole de Savy-Berlette (Pas-de-Calais). « L’objectif était de me familiariser davantage avec la mécanique, et d’arriver à me débrouiller seul pour l’entretien ou en cas de panne. » Il fait son apprentissage dans une entreprise de travaux agricoles (ETA) à Volckerinckhove (Nord), où il réalise notamment des épandages, du semis de betterave et des récoltes de légumes industriels. « Je suivais des cours durant une semaine en centre, puis trois semaines en entreprise. Le planning était bien fait, et flexible pour être présent à l’ETA les semaines de chantiers. Le fait d’être payé lors de l’apprentissage est un vrai plus. Si l’occasion de s’installer ne s’était pas présentée, j’aurais peut-être envisagé de poursuivre mes études, pour renforcer mes connaissances en machinisme et en productions végétales. » Aujourd’hui, le jeune agriculteur n’a pas de regret, et se dit satisfait de son parcours et de son nouveau métier.
Olivier LÉVÊQUE, Tribune Verte N°2958
Crédit photo : APINAN/ADOBE STOCK