
Erreurs de parcours, nouvelles attentes ou nouvelles envies, la vie professionnelle n’est pas ou ne doit plus être un long fleuve tranquille. Une carrière c’est long, voire de plus en plus long, alors il n’est jamais trop tard pour s’ouvrir à de nouveaux horizons, plus en phase avec ses envies et sa maturité.
Élodie G.
UN RETOUR AUX SCIENCES ET AU MILIEU RURAL
Après un parcours professionnel dans l’administration, Élodie G. revient à ses premières amours, la science et le milieu rural. À 44 ans, Élodie G. a repris les études pour renouer avec son amour pour les sciences et l’agriculture. Pour expliquer cette reconversion, elle n’a pas peur d’évoquer une erreur d’orientation post-Bac. Titulaire d’un Bac S, elle a été orientée vers des études littéraires, une fac de lettres, parcours « français et langues étrangères ». Elle intègre ensuite la Région Occitanie où elle est chargée de l’accompagnement des entreprises pour le marketing, la communication et l’entrepreneuriat. Vient alors le temps de la remise en question : « J’ai mené cette réflexion de savoir d’où je venais, j’avais toujours eu cette propension à m’intéresser aux sciences du vivant et au milieu rural. Je me suis donc lancée et j’ai repris mes études en suivant un brevet de technicien supérieur agricole, science du sol et agronomie, avec l’idée de me rapprocher de métiers et missions plus en lien avec les problématiques environnementales et agricoles. » L’Apecita a accompagné Élodie dans le choix de la formation et de l’organisme formateur (Institut agronomique de Dijon), mais aussi sur les perspectives d’embauche. « Il faut pouvoir être rassuré avant de se lancer, car la formation est longue et elle doit pouvoir se concrétiser aussi professionnellement », précise Élodie G.
Une formation « à la carte »
Elle a donc entamé cette formation en octobre 2022 en distanciel : « J’ai opté pour cette formation à distance que je suis tout en restant en activité. J’avais besoin financièrement de garder un emploi salarié et je m’organise à ma façon, en fonction de mes disponibilités personnelles et professionnelles. » Les modules de formation s’adaptent aussi au niveau d’études préalablement acquis, « je suis dispensée d’un certain nombre de matières générales et ce qui est intéressant, c’est que le temps de formation s’adapte au temps que j’ai à y consacrer », ajoute l’étudiante. Normalement, elle se fera donc en dix-sept mois, jusqu’à juin 2024. Huit à dix semaines de stage sont programmées en institut de recherche, ainsi qu’un stage de deux semaines en exploitation agricole. Mais revenir sur les bancs de l’école passé la quarantaine n’est pas une sinécure, « c’est un projet qui doit se réfléchir en famille, si je n’étais pas soutenue, ce serait difficile », admet-elle. Mais le champ des possibles est extraordinaire : « Je reviens à mes premières amours, c’est très plaisant de retourner à l’agronomie, aux notions d’agroécologie. Je pense que les formations agricoles ont vraiment intégré ces nouvelles dimensions de santé des sols, des plantes, du respect de la biodiversité. Cela m’ouvre beaucoup de possibilités vers des systèmes de cultures très diversifiés. » Une chose semble sûre et validée pour Élodie G., c’est qu’à l’issue, hors de question de revenir au bureau, vivement le grand air et une carrière en réelle phase avec tous les défis que l’agriculture doit relever !
Katell Gapihan
DU PORCIN AU CAPRIN !
Du porc à la chèvre, il n’y a presque qu’un pas, à condition d’acquérir de nouvelles compétences zootechniques. Katell Gapihan a 27 ans et, comme son prénom le laisse suggérer, elle est originaire de Bretagne. La jeune femme a l’agriculture chevillée au corps, en témoigne son parcours académique, Bac sciences et technologies de l’agronomie et du vivant, BTS analyse et conduite des systèmes d’exploitation et licence pro métiers du conseil en élevage, alors qu’elle n’est même pas issue du milieu agricole : « Avec cette licence professionnelle, je conciliais à la fois mon envie de terrain et l’aspect relationnel du métier de conseil en lien avec les éleveurs. » Tout naturellement, Katell Gapihan intègre un groupement d’éleveurs porcins comme animatrice : « Un métier que j’ai exercé pendant cinq années, puis est venu le temps de la remise en question. Je ne me sentais plus trop en adéquation avec le groupement et sur le plan personnel, je souhaitais me rapprocher de mon conjoint, agriculteur dans le département de la Vienne (86). »
Cette remise en question est passée par un bilan de compétences proposé par l’Apecita : « J’ai trouvé l’exercice très satisfaisant, j’en avais entendu parler par bouche-à-oreille et j’ai pu le financer avec mon CPF. Cet exercice m’a permis de valider mon affinité pour le secteur agricole et de confirmer mes points forts et mes points faibles. Cela n’a l’air de rien, mais c’est essentiel pour cultiver la confiance en soi sur le plan professionnel. Même si on a une vague idée des choses, c’est important de se les faire confirmer. Ce bilan de compétences m’a aussi confortée dans l’idée que je voulais travailler avec des animaux, et j’avais dans un coin de ma tête la filière des caprins. »
Appréhender de nouvelles compétences zootechniques
Katell Gapihan a donc suivi un certificat de spécialisation conduite d’un élevage caprin. C’est une formation qui s’effectue sur une année, en apprentissage, avec douze semaines en centre de formation et quarante semaines en entreprise. Pour la jeune femme, le retour à l’école n’a pas trop posé de problème, « c’est relativement facile de se remettre à des cours du niveau du Bac, en revanche c’est vraiment indispensable d’acquérir de nouvelles compétences zootechniques. La physiologie de la chèvre et du cochon sont aux antipodes », explique la jeune femme. Désormais, Katell Gapihan a rejoint le département de la Vienne, elle réalise son apprentissage dans un élevage de chèvres, à la frontière du département des Deux-Sèvres. C’est sans aucun regret qu’elle est passée du cochon à la chèvre : « La chèvre est un animal hypersocial, très curieux et je dirais même affectueux, c’est une belle confirmation. »
Hélène Sauvage, Tribune Verte 3008