Nouvelles technologies : ce que le métavers peut apporter à la fonction RH

Du recrutement à la formation en passant par l’onboarding et l’organisation de sessions de travail, les nouveaux univers immersifs virtuels offrent un grand nombre de cas d’usage. Ils renouvellent à la fois l’expérience candidat et l’expérience collaborateur.

C’est le mot le plus tendance de ces derniers mois. Le métavers serait ni plus ni moins que l’avenir du Web. Plutôt que de poster des billets sur les réseaux sociaux, nous devrions prochainement interagir sous forme d’avatars dans des univers virtuels et immersifs. Les premiers métavers, qui ont pour noms The Sandbox, Decentraland, Rollbox ou VRChat, ressemblent, pour l’heure, à de grands jeux vidéo en 3D.
Et déjà de grands groupes dans la distribution, du prêt-à-porter ou du luxe, comme Carrefour, LVMH, Nike, Balenciaga ou Zara, commencent à y vendre toute sorte d’objets virtuels. L’histoire n’est qu’à ses débuts. Selon le cabinet d’études Gartner, 25 % des individus sur la planète passeront une heure par jour dans le métavers en 2026. Pour un autre cabinet, McKinsey et Company, ce monde nouveau devrait générer 5 000 milliards de dollars d’ici 2030. Si le métavers constituera un nouveau canal d’interaction entre les marques et les consommateurs, il aura également un impact sur notre rapport au travail. D’ores et déjà, un grand nombre de cas d’usage RH se dessine. Dans les futurs bureaux virtuels, il sera possible de recruter et de travailler à distance, d’intégrer les recrues (onboarding) ou d’organiser des séminaires.
Selon ses afficionados, le métavers serait le nouveau levier d’attractivité dans la guerre des talents. En renouvelant l’expérience candidat, une entreprise serait plus à même de séduire les « digital natives » et d’élargir son sourcing à l’international. À défaut, elle aura renforcé sa marque employeur en se montrant à la pointe de l’innovation. Alexandre Bompard, PDG de Carrefour, a récemment participé à une séance de recrutement dans le métavers de Frame Vr. Le métavers peut ensuite améliorer l’expérience collaborateur en proposant d’organiser des réunions de travail plus interactives et engageantes que les traditionnelles sessions de « visio » sur Zoom, Microsoft Teams ou Google Meet au nombre de participants, par ailleurs, limité. Une fois la journée de travail terminée, le « digital office » peut accueillir des afterworks ou des événements festifs de type barbecue virtuel. Le réseau d’agences immobilières eXp Realty a fait le choix radical de basculer à 100 % dans le métavers. Ce groupe international qui compte plus de 67 000 collaborateurs dans 18 pays n’a plus de bureaux physiques. Sans aller jusque-là, Mistertemp’, entreprise française de travail temporaire, a acheté une parcelle de 10 000 m2 sur The Sandbox et lancé une première agence dans le métavers.

Un univers de formation plus engageant

L’autre volet, c’est celui de la formation. Le métavers peut se transformer en académie virtuelle pour proposer des formations à distance aux collaborateurs, quelle que soit leur localisation. Le taux d’engagement serait beaucoup plus élevé qu’avec les dispositifs traditionnels de l’e-learning. « Plutôt que d’être placé devant son écran, sans grande interactivité, l’apprenant évolue dans un univers immersif et ludique, avance Benjamin Atlani, PDG de WiXar, éditeur spécialisé dans le domaine. Le learning immersif relève, par ailleurs, de l’émotionnel, ce qui facilite l’ancrage mémoriel sur le long terme. Le cerveau a l’impression d’être dans la réalité. Ce qui crée du “déjà-vu”. »
Selon lui, ce learning immersif se prête aussi bien au développement des hard skills que des soft skills. Dans le premier cas, WiXar a formé des agents de la voirie pour réduire les risques d’accidentologie ou des agents des services hospitalier (ASH). Côté soft skills, il est possible d’apprendre à un futur vendeur comment se comporter avec les clients qui entrent en boutique. « Il va s’entraîner en dialoguant avec une intelligence artificielle », poursuit Benjamin Atlani.
Notre expert cite un dernier cas d’usage : le pré-boarding : « Un candidat teste son appétence et sa capacité à exercer le poste à pourvoir. Il décide ensuite de poursuivre ou non son parcours de candidat. » Un vrai gage de transparence à ses yeux. Au-delà des plateformes publiques, une entreprise peut ainsi développer son propre métavers, où elle fait découvrir ses métiers aux candidats et forme ses collaborateurs.

Tribune verte, n° 2992, XAVIER BISEUL