- Productions animales

Marché de l’emploi dans les productions animales : Des filières à la recherche de candidats

Marché de l’emploi dans les productions animales : Des filières à la recherche de candidats

Le secteur de la production animale offre en France une grande diversité de métiers et de filières. Toutes recrutent activement, comme l’explique Philippe Béaur, délégué régional Poitou-Charentes Limousin Auvergne et référent productions animales de l’APECITA.

Comment le marché de l’emploi dans les productions animales se porte-t-il ?
Philippe Béaur : Le marché de l’emploi dans les productions animales est très tendu. Il est difficile aujourd’hui de trouver des candidats pour des postes en productions animales, et ce dans tous les métiers et quelles que soient les filières : bovins, volailles, etc. Seule la filière caprine semble plus attractive. Les postes de conseiller en élevage et de technico-commerciaux en productions animales sont notamment des métiers qui peinent à recruter. Cette « désaffection » relative des demandeurs d’emploi s’explique par une conjonction de facteurs, notamment une méconnaissance des métiers et une certain désintérêt pour le secteur de la production animale et sa finalité. Cette tendance suit l’évolution de la société, avec la demande d’une agriculture plus « verte », d’élevages moins intensifs, et avec les problématiques de bien-être animal. Les postes les plus attractifs, qui génèrent le plus de candidatures, sont d’ailleurs le plus souvent des postes concernant des modes de valorisation particuliers : production pour une appellation fromagère précise, élevage sur un territoire de montagne ou mode de production axé sur la valorisation des ressources fourragères locales, etc.

Les postes en lien avec un mode d’élevage plus intensif sont plus difficiles à pourvoir. Nous allons souvent à la rencontre des jeunes en formation pour présenter la diversité des métiers liés au secteur de la production animale et nous constatons souvent un fort décalage entre les attentes des personnes entrant en formation (en BTS productions animales, par exemple), le plus souvent attirées par le côté « nature » et la finalité des métiers de la production. En conséquence, les personnes formées en productions animales ne vont pas nécessairement travailler dans ce secteur, ce qui explique en partie la pénurie de candidats.

Quelles évolutions sont attendues ? De nouveaux métiers émergent-ils ?
P. B. : Les filières des productions animales sont dynamiques. Il n’y a pas de nouveaux métiers à proprement parler, mais les métiers évoluent sous l’impulsion des nouvelles technologies, de nouveaux outils informatiques, de logiciels spécialisés dans la gestion économique et zootechnique des troupeaux, etc. On sent également une montée en puissance des aspects en lien avec le territoire, l’essor de filières intégrant des aspects comme l’autonomie fourragère et locale, le développement de circuits courts, etc. Cela, bien sûr, se répercute au niveau des profils de postes proposés. Ce type de postes rencontre généralement moins de difficultés de recrutement que les postes en production « classique ».

Je pense que nous allons voir émerger de plus en plus de projets en lien avec un territoire donné. Quelques postes – mais cela demeure marginal et représente un petit pourcentage des offres d’emploi – commencent à apparaître en lien avec le bienêtre animal : ostéopathe, pareur, comportementaliste pour aider à la gestion et à la santé des troupeaux, par exemple.

Quels leviers les entreprises peuvent-elles activer ?
P. B. : Les entreprises du secteur sont bien conscientes des difficultés de recrutement rencontrées maintenant depuis une dizaine d’années. Elles mettent désormais en avant d’autres atouts pour attirer les candidats que la seule rémunération. Les niveaux de rémunération ont bien sûr évolué positivement, mais les entreprises proposent également d’autres « plus » : plus d’autonomie, par exemple, un partie de la semaine en télétravail, etc. Les managements ont changé, s’orientant vers davantage de participatif.

Comment l’APECITA est-elle en mesure d’accompagner les candidats et les entreprises ?
P. B. : Pour les candidats, ils trouvent facilement un emploi. La plupart des jeunes ingénieurs sont embauchés avant d’avoir terminé leur formation. Notre action se dirige surtout vers des personnes sans formation agricole et qui souhaitent se  réorienter. La demande d’accompagnement est en revanche importante au niveau des entreprises. Nous leur conseillons notamment d’anticiper au maximum les recrutements lorsque cela est possible – en particulier lors d’un départ en retraite –, de s’ouvrir à des candidats moins expérimentés, quitte à les accompagner ensuite pour monter en compétences. Nous insistons sur les possibilités de recrutement par apprentissage, qui constituent un excellent moyen de recruter une personne motivée et compétente. Les employeurs ne doivent pas rester campés sur leurs positions, sur leur profil de candidat idéal, sous peine de ne pas réussir à recruter. Il faut notamment éviter de rechercher exactement le profil de la personne que l’on remplace, de se fermer à des profils atypiques, au niveau de la formation, mais pas uniquement. Par exemple, un candidat de plus de 50 ans est un profil intéressant, avec en plus la possibilité de transmission du savoir. Dans ce secteur des productions animales en demande, la motivation des candidats doit l’emporter sur les compétences, la formation ou l’expérience. Les entreprises souhaitent souvent effectuer des recrutements rapides, et la planification dans le temps est négligée, alors qu’elle est primordiale sur ce marché de l’emploi en tension. L’APECITA propose également des formules comme le jobdating digital, pour faciliter l’accès aux candidats, ce qui n’exclut pas bien évidemment la nécessité de rencontre ultérieure.

— Emmanuelle THOMAS (Tribune Verte 2998)

UNE DIVERSITÉ DE MÉTIERS ET DE FILIÈRES

Les productions animales en France concernent les filières bovin lait et bovin viande, mais aussi les filières porcine, ovine, caprine, volailles, lapin, aquaculture… La diversité des métiers dans le secteur de l’élevage est importante et va de la production aux métiers de conseillers en élevage, technico-commerciaux en alimentation animale, technicien en robot de traite, technicien pointeur, commerciaux, etc. Les recrutements portent notamment sur les fonctions de production (35 %), de commerce (30 %), de conseil et d’animation (28 %). 68 % des offres d’emploi sont accessibles avec moins de trois ans d’expérience, selon les données APECITA. 47 % des postes sont ouverts aux titulaires d’un diplôme de niveau Bac + 2, 36 % au niveau Bac + 3/4, et 39 % aux Bac + 5.