Avec l’essor des tutoriels vidéo, des Moocs et des contenus pédagogiques spécifiquement conçus pour le mobile, la formation en ligne bénéficie d’un nouvel engouement. Elle répond à la tendance des salariés à l’autoformation.
Cela fait maintenant près de trente ans que l’e-learning tente de répondre aux besoins de formation des entreprises. Au milieu des années 1990, l’essor d’Internet leur laissait l’espoir de réaliser d’importantes économies en réduisant le temps consacré à la formation présentielle (frais de transport et d’hébergement). Internet devait aussi per- mettre de former la quasi-totalité des collaborateurs, en un temps réduit, n’importe quand et n’importe où (depuis le domicile, dans les transports ou à l’hôtel).
À l’époque, la sauce ne prend pas. Les premiers éditeurs d’e-learning se contentaient de transposer les cours magistraux dispensés en salle avec un minimum d’enrichissement multimédia et d’interactivité. Placé seul devant son écran, le salarié décroche alors rapidement. Très élevé, le taux d’abandon a remis en cause un grand nombre de déplacements.
Aujourd’hui, la donne a radicalement changé. En 2018, tout un chacun a appris dans la vie quotidienne à chercher un tutoriel vidéo sur YouTube pour réussir une recette de cuisine ou pour réparer sa tondeuse. De la même façon, l’autoformation gagne du terrain en entreprise avec la multiplication des Moocs, ces cours en ligne diffusés massivement et ouverts à tous. Les salariés sont conscients qu’ils doivent se prendre en mains. Pour maintenir leur employabilité avec la transformation numérique en cours, ils devront se former tout au long de la vie.
De nouveaux formats sont aussi apparus pour favoriser l’engagement de l’apprenant.
Les éditeurs conçoivent des contenus dédiés à un usage sur mobile (mobile learning) avec des modules de quelques minutes ou asso- ciés aux réseaux sociaux (social learning) pour favoriser l’apprentissage entre pairs.
Place à la réalité virtuelle et à l’intelligence artificielle
Selon une étude sur la formation au travail, réalisée en 2018 par la plateforme d’enseignement en ligne Udemy, ces tendances sont appelées à se renforcer. Le mobile va notamment gagner du terrain, les jeunes actifs des générations Y et Z étant particulièrement « addicts » à leur Smartphone. Avec des débits jusqu’à cent fois supérieurs, l’arrivée prochaine de la 5G dopera la consommation de vidéos et rendra possible des applications en environnement immersif. Avec la réalité augmentée et la réalité virtuelle, un employé peut travailler les gestes à accomplir, les répéter à l’infini, avant de les appliquer dans le monde « réel ».
Undemy fait aussi le pari d’une plus grande « gamification » de l’apprentissage.
Les éditeurs utilisent le design et les ressorts du jeu vidéo (niveaux, récompenses...) pour augmenter la motivation des apprenants. L’intelligence artificielle associée aux neurosciences doit également permettre d’adapter des parcours pédagogiques en fonction du profil du collaborateur, de son rythme d’acquisition.
Les algorithmes d’intelligence artificielle vont aussi analyser les parcours professionnels de chaque employé, leurs manques éventuels pour évoluer vers un nouveau poste, et recommander en conséquence des formations personnalisées. Dans un marché du travail en constante évolution, les carrières professionnelles ne suivent plus une trajectoire linéaire et prévisible, et de nouveaux métiers émergent chaque année.
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XAVIER BISEUL, Tribune Verte n°2893