La transformation digitale des formations

Tendance de fond observée depuis plusieurs années, la digitalisation des formations s’est accélérée en 2020 à la suite de la crise sanitaire.

Pendant longtemps, une formation ne pouvait s’imaginer qu’en présentiel, en réunissant dans une même salle les apprenants et leur formateur. On imaginait mal un lycéen suivre ses cours depuis sa chambre devant l’écran d’un ordinateur. Et pourtant, la fermeture des établissements scolaires au printemps 2020 en pleine crise sanitaire a été un vecteur de nouvelles opportunités d’enseignement, notamment dans l’enseignement agricole, comme l’a souligné Philippe Poussin, secrétaire général du Cneap, dans une tribune publiée à l’été 2020 : « Le bilan que tire la majorité des lycées agricoles met en exergue l’inventivité éducative mise en place par les enseignants pour assurer la continuité pédagogique. À commencer par l’appropriation rapide de nouvelles techniques de communication à distance (réunions virtuelles, visioconférences…). Cette crise a été un déclencheur d’innovations pédagogiques qui ont remis en cause le fonctionnement traditionnel de la classe en présentiel. Et contrairement à ce que l’on pouvait penser, l’enthousiasme des jeunes élèves est toujours là. Nous devons maintenir l’intérêt de l’enseignement agricole à distance créé pendant la pandémie et capitaliser sur la plus-value éducative qu’il a apportée. »

Trouver le bon mix de la multimodalité
Cependant, les lycéens et les étudiants ne sont pas les seuls à se former. Ainsi, pour développer leurs compétences, les salariés sont amenés à avoir recours à la formation professionnelle. Cette dernière a, elle aussi, connu une réelle évolution en 2020, comme le confirme un opérateur de compétences Ocapiat : « Initialement, dans notre offre de formations collectives, seule une petite partie était mixte ou distancielle. La crise sanitaire de 2020 a joué le rôle d’accélérateur pour la mise en œuvre de la formation à distance. L’enjeu de la continuité pédagogique s’est imposé. Les modalités distancielles prédominantes et rapides à mettre en place sont les classes virtuelles et d’échange en visioconférences. Les contenus pédagogiques de type interactifs, serious game, Mooc, réalités virtuelles, vidéos 360° – plus lourdes en matière d’ingénierie et de moyens, se mettent en place progressivement chez nous. La période de crise sanitaire a été propice au développement de réflexions sur la digitalisation des contenus pour trouver le bon mix de la multimodalité. » C’est dans cette période particulière qu’Ocapiat a aussi lancé sa plateforme collaborative Camp’Num (voir encadré).

Les nombreux avantages du e-learning
Nous retrouvons le même discours au sein de La Coopération Agricole Solutions +, qui propose toute une offre de formations pour les coopératives adhérentes. « Longtemps, toutes nos formations n’étaient dispensées qu’en présentiel, explique Mylène Champain, conseillère formation au sein de La Coopération Agricole Solutions +. À partir de 2017, nous avons commencé à développer d’autres formations en ligne, pour arriver aujourd’hui à une gamme de 24 parcours en ligne qui mixent vidéos explicatives, quiz d’apprentissage et modules d’évaluation. Si les formations en ligne ont mis du temps à trouver leur public, l’année 2020, marquée par la crise sanitaire, a changé la donne. Il n’était plus possible de réunir dans une même salle quelques dizaines voire centaines de saisonniers comme les coopératives le font habituellement avant de débuter la saison des moissons. Nous avons ainsi formé en ligne plus de 1 800 saisonniers dans seize coopératives, avec le parcours conservation des grains et accueil sécurité. » Les retours ont été très positifs : au-delà du gain en temps d’organisation et en frais de déplacement (propres à toute formation en ligne), les coopératives ont apprécié le contenu des parcours et ont constaté un excellent taux de suivi des apprenants, plus que celui qu’elles pouvaient connaître en présentiel. Cela vient du fait que la personne formée peut suivre la formation en ligne à son rythme et quand son emploi du temps le lui permet : « Certaines coopératives nous ont déjà affirmé qu’elles repartiraient sur ce format en 2021, même si la situation sanitaire s’améliore, précise Mylène Champain. Toutes ne le feront pas, et certaines formations nécessiteront toujours, selon les thématiques abordées, d’être en présentiel, mais cette crise sanitaire aura indéniablement été un accélérateur pour le e-learning. »
Cette tendance devrait se confirmer dans les années à venir. Ainsi, selon un baromètre BVA paru fin 2020, si un actif sur quatre s’est formé en 2019 et en 2020, 2021 pourrait faire l’objet d’un rebond sans précédent avec un actif sur deux qui prévoit de se former. Parmi eux, 57 % prévoient de se former à distance en 2021 (23 % en e-learning et 34 % en blended-learning, qui mixe présentiel et digital), signe que le digital est en passe de devenir un nouveau standard de formation.

Zoom sur… CAMP’NUM :
LA PLATEFORME DE FORMATION EN LIGNE COLLABORATIVE D’OCAPIAT

Camp’Num est la plateforme de formation en ligne collaborative ouverte à tous, créée par Ocapiat et lancée officiellement au début de la crise sanitaire, en mars 2020. « Camp’Num est née du constat d’une révolution numérique et du besoin de nouvelles compétences, explique-t-on chez Ocapiat. La question de la transformation pédagogique et de la digitalisation des pratiques est un enjeu majeur pour nous. Le poids de la crise sanitaire a précipité la mise en œuvre de Camp’Num, face à l’urgence d’assurer une continuité pédagogique. »
Camp’Num s’adresse aux entreprises, aux CFA, aux organismes de formation, aux branches et aux actifs des secteurs couverts par Ocapiat(1). La plateforme permet de créer, d’utiliser, de partager des contenus digitaux, de former, d’apprendre, de comprendre, d’impliquer, d’engager, d’évaluer… Elle comporte deux espaces, l’un public, l’autre privé. Au sein du premier, de nombreux contenus de formation sont accessibles librement, autour de diverses thématiques. « L’objectif est le partage et la mutualisation des ressources pédagogiques, pour répondre toujours mieux aux besoins en compétences de nos branches et de nos métiers, souligne-t-on chez Ocapiat. Tout le monde peut y contribuer : apprenant, formateur, CFA, organisme de formation, entreprise… » Camp’Num offre également la possibilité à ses adhérents de créer leur propre espace privé de formation et de développement des compétences. L’accès à l’espace privé est conditionné par un abonnement mensuel en fonction du nombre d’apprenants.

Plus d’infos sur campnum.com
(1) Ocapiat couvre la coopération agricole, l’agriculture, la pêche, l’industrie agroalimentaire et les territoires

 

Source : Cahier expert « Orientation, mode d’emploi »
Crédit photo : ST.ART/ADOBE STOCK