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Ferme école Graines d’avenir « La pédagogie du “faire pour apprendre” »

Ferme école Graines d’avenir « La pédagogie du “faire pour apprendre” »

L’école de production « Ferme école Graines d’avenir », inaugurée en septembre dernier, propose aux jeunes de 15 à 18 ans de se former au métier de maraîcher-primeur avec une pédagogie axée essentiellement sur la pratique.

Depuis octobre 2021, des jeunes entre 15 et 18 ans peuvent se former en trois ans au métier de maraîcher-primeur à la ferme école Graines d’avenir, située à Magny-les-Hameaux dans les Yvelines. Cette école, dont les frais de scolarité annuels s’élèvent à 90 euros, appartient au réseau des écoles de production, des établissements privés d’enseignement technique, reconnus par l’État.

« La pédagogie est celle du “faire pour apprendre”. Les élèves alternent un tiers de théorie et deux tiers de pratique de manière hebdomadaire dans des conditions de production réelle », explique Bruno Aimard, cofondateur de l’école avec David Tuchbant. Tous les deux issus du monde de l’entreprise, ils voulaient créer une école qui véhicule des valeurs sociales, en donnant leur chance à des jeunes ne se retrouvant pas dans le système scolaire classique, et des valeurs environnementales en favorisant des pratiques agroécologiques. Dès la première année, les élèves apprennent ainsi à produire des légumes sur les 5 hectares de terres conduites en agriculture biologique (dont 4 000 m² de serres froides), puis à les transformer en différents produits (jus…) et à les vendre. Ils préparent de cette manière un CAP primeur en deux ans, puis un Titre professionnel d’ouvrier horticole et maraîcher en un an.

« Chaque lundi, mardi, jeudi et vendredi matin, ils se forment au métier aux côtés des maîtres professionnels, en réalisant  de vraies commandes, pour de vrais clients, aux conditions du marché », décrit-il. Les après-midi, ils suivent des cours de mathématiques, d’histoire-géographie, de physique, de français et d’anglais. « L’idée est de donner du sens à l’apprentissage, souligne-t-il. Par exemple, lorsqu’ils abordent le traitement des températures en physique, ils vont voir comment cela se passe concrètement dans les chambres froides où sont stockés les fruits et légumes. » Les élèves passent ensuite leurs mercredis à animer le point de vente à la ferme. Les vendredis après-midi sont consacrés au théâtre et au sport.

Sélectionné sur la motivation

L’école accueille entre huit et douze élèves par promotion. « Le public cible, ce sont les jeunes à la sortie du collège, à qui nous proposons une troisième voie entre le lycée professionnel, jugé parfois trop théorique, et la filière de l’apprentissage, qui demande de la maturité, relate Bruno Aimard. Le premier critère de sélection, c’est la motivation ! Nous leur demandons d’effectuer un stage de découverte chez nous, entre trois jours et une semaine, pendant lequel ils vont pouvoir se confronter au métier. Ils peuvent venir pendant leur stage de 3e, pendant les vacances scolaires ou les mercredis après-midi. » Au terme des trois années de cursus, les élèves diplômés pourront évoluer en production maraîchère ou horticole, voire dans la vente. « Dans les écoles de production, en moyenne, 50 % des élèves poursuivent en lycée professionnel ou en apprentissage. Pour le reste, le taux d’employabilité est proche de 100 % », assure-t-il.

Alors que l’école vient tout juste d’être inaugurée fin septembre dernier, elle continue à se développer. « Nous allons ouvrir des places d’hébergement à la ferme et aménager des locaux pour avoir plus de salles. Nous allons créer aussi un vrai atelier de transformation pour faire des conserves, des jus, des fruits et légumes de fraîche découpe », annonce-t-il. En 2023, le site devrait également accueillir une école « Cuisine, mode d’emploi(s) », un modèle d’école développé notamment par Thierry Marx, le chef étoilé. « Il a déjà plus d’une dizaine d’écoles en France. Ce sont des formations pour adulte autour de la cuisine, indique-t-il. Sur un même lieu, nous pourrons ainsi aller de la graine à l’assiette et participer à la montée des compétences du site. »

— Caroline EVEN (Tribune Verte 3002)