
De nombreuses formations généralistes permettent de s’insérer dans le secteur des énergies renouvelables. Si l’enseignement agricole en propose également, elles sont encore trop rares selon un récent rapport parlementaire. Mais les choses évoluent, comme en atteste la récente création d’une chaire d’enseignement Transition énergétique au service des entreprises, des filières et des territoires.
Les énergies renouvelables ont le vent en poupe et offrent de nombreuses opportunités d’emplois qui recouvrent les activités de fabrication, d’installation et de maintenance des équipements (éoliennes, méthanisateurs, panneaux photovoltaïques, etc.) et de la vente d’énergie. Le développement de cette filière s’accompagne d’une évolution constante des formations pour accéder à ces métiers.
Chaque année, l’Observatoire des énergies renouvelables (Observ’ER) publie un Guide des formations aux énergies renouvelables qui passe en revue de façon détaillée l’ensemble de l’offre en France. BTS, licence pro, école d’ingénieurs, master, mastère, formations continues de courte et longue durées… La dernière édition recense 225 formations, écoles et diplômes.
Si la grande majorité de ces formations prépare les étudiants à s’insérer dans le secteur des énergies renouvelables « au sens large », l’enseignement agricole développe, lui aussi depuis peu, des formations spécifiques qui offrent un double bagage. On peut ainsi citer le DU(1) Mise en œuvre d’une unité de méthanisation, la licence pro Optimisation énergétique des entreprises agricoles, la licence pro Logistique bois, la MC(2) technicien en énergies renouvelables ou encore le CS(3) responsable d’une unité de méthanisation agricole. N’hésitez pas consulter le site www.agrorientation.com pour en savoir plus.
Améliorer l’offre de formation dans le secteur agricole
Mais les formations qui, dans l’enseignement agricole, abordent les exploitations agricoles sous leur angle énergétique restent encore rares, comme le soulignent le sénateur Roland Courteau et le député Jean-Luc Fugit, tous deux auteurs du rapport L’agriculture face au défi de la production d’énergie publié en juillet 2020. Ils insistent sur le fait que « la formation est un enjeu majeur de la production d’énergie dans le secteur agricole, afin d’étudier les enjeux qui y sont liés, les interfaces, renforcer et sécuriser les revenus et éviter les conflits d’usage. Il est nécessaire d’enseigner au plus tôt ces questions aux agriculteurs. En outre, il ne doit pas être simplement question de la formation pour les agriculteurs, mais de tous les métiers qui y sont liés (maintenance, électromécaniciens, laboratoires d’analyse…) ».
Selon eux, « si l’éolien et le photovoltaïque sont connus et ont été largement diffusés, c’est souvent la conséquence d’une méconnaissance des autres solutions technologique – comme la méthanisation – et de la mobilisation d’acteurs extérieurs au monde agricole (énergéticiens et développeurs), qui ont parfois poussé à l’adoption de solutions clés en main faciles, mais pas toujours avantageuses en matière de retours pour le monde agricole ». Les auteurs du rapport préconisent ainsi d’améliorer l’offre de formations sur la production d’énergie dans le secteur agricole, au niveau de la formation initiale (secondaire et supérieur) comme de la formation continue. « Certaines formations doivent permettre l’apprentissage de compétences de haut niveau, y compris celles liées au montage et à la gestion des installations énergétiques. Il est probable que des formations dédiées à la production d’énergie dans le secteur agricole permettront des stratégies plus indépendantes et plus éclairées de la part des exploitants agricoles. »
Former des ingénieurs dotés d’une vision systémique
La récente création de la chaire d’enseignement Transition énergétique au service des entreprises, des filières et des territoires, signée en octobre 2020 entre l’école d’ingénieurs généralistes Ecam LaSalle, l’Isara (école d’ingénieurs agronomes), GRDF et l’Association française du gaz Auvergne-Rhône-Alpes, va totalement dans ce sens. Elle vise le développement de cursus de formation transverses et innovants, alliant sciences du vivant et sciences de l’ingénierie, orientées sur la transition écologique et énergétique des territoires et des entreprises.
« Pour développer les filières énergies renouvelables, il est indispensable de promouvoir des approches très globales. Dans le cas de la méthanisation, qui se trouve au carrefour de la production d’énergie, de l’agronomie, des politiques territoriales et de la transition agroécologique, il nous faut des ingénieurs généralistes capables d’échanger avec les agriculteurs et de comprendre la réalité de leur exploitation pour adapter au mieux les projets, explique Thierry Maudou, chargé de mission développement biométhane Sud-Est chez GRDF. Très souvent, l’installation d’un méthaniseur nécessite en effet une adaptation du système agricole pour optimiser la rentabilité globale. Or, nous ne formons pas aujourd’hui des ingénieurs ayant cette vision systémique. Nous souhaitons donc proposer une option commune aux étudiants en 5e année à l’Ecam et à l’Isara, qui souhaitent approfondir ces sujets. » Afin de développer une offre de formations adaptée, Thierry Maudou, détaché aujourd’hui à l’Ecam dans le cadre de cette chaire d’enseignement, a tout d’abord interrogé de très nombreux acteurs des filières agricoles, agroalimentaires et industrielles, ainsi que des collectivités publiques, pour connaître leurs besoins en compétences sur la question de la transition énergétique. « À partir de ces enquêtes, nous construisons actuellement la maquette pédagogique de la formation visée, poursuit Thierry Maudou. Nous souhaiterions qu’elle soit finalisée à l’automne, pour une communication en fin d’année auprès des étudiants et des jeunes en phase d’orientation. Notre objectif est d’ouvrir ce domaine d’approfondissement à la rentrée 2022. »
Source : Aude BRESSOLIER, Cahier expert « L’emploi dans les énergies renouvelables »
Crédit photo : VIACHESLAV IAKOBCHUK/ADOBE STOCK
(1) Diplôme universitaire.
(2) Mention complémentaire.
(3) Certificat de spécialisation.