
Maîtriser l’échographie au point d’en faire une prestation spécialisée : c’est le pari de l’entreprise Sagpa. Le métier, qui a de beaux jours devant lui, impose cependant quelques contraintes. Rencontre avec Frédéric Brosse, échographe ovin, bovin et caprin.
Ancien inséminateur bovin, Frédéric Brosse s’est lancé dans l’aventure de l’échographie un peu par hasard. « Je travaillais pour les bovins exclusivement, et je faisais des échographies ici ou là. C’était devenu très routinier pour moi, et revoir toujours les mêmes éleveurs a fini par me lasser », raconte le technicien. Il devient échographe à temps plein à la suite d’une rencontre, et parcourt aujourd’hui tout le Grand Est de la France, auprès d’élevages à 80 % ovins. L’activité bovins correspond seulement à 15 % de son activité, le solde représentant les chèvres.
Optimiser les techniques d’élevage
L’échographie se pratique en élevage depuis vingt ans, elle est dispensée habituellement par les vétérinaires ou les inséminateurs. La société Sagpa existe depuis 2014, elle en a fait sa spécialité. Frédéric Brosse s’en amuse : « Je suis le gynécologue des animaux. Nous proposons une prestation ultra-spécialisée et nous n’avons rien d’autre à vendre. » Alors forcément, il faut enchaîner les échographies pour que l’activité soit rentable. D’ailleurs, le technicien ne se déplace que pour un minimum d’animaux à échographier, avec des tarifs dégressifs en fonction des quantités. « Je passe 2 à 3 heures chez l’éleveur, et 200 à 300 brebis sont échographiées à chaque fois », précise-t-il. Compter environ 1,60 € par brebis et 5,50 € par bovin. Sagpa diagnostique ainsi 90 000 brebis et 12 000 vaches par an pour un chiffre d’affaires de 250 000 €.
L’échographie guide l’éleveur dans la suite du travail : gain de temps, dénombrement des agneaux potentiels et des brebis vides, avantages techniques pour adapter la nutrition en fonction des résultats. « Tous ceux qui s’y sont essayés ne reviennent pas en arrière », explique-t-il. Pourtant, de nombreux éleveurs ignorent encore l’existence de la prestation ou n’en acceptent pas le prix. Mais Frédéric Brosse justifie son travail : « Une brebis improductive ne doit pas rester dans le troupeau. »
Autonomie et implication
« Être ultra-spécialisé implique une responsabilité importante sur les résultats. Nous sommes parfois appelés en seconde intention, à la suite d’erreurs », explique Frédéric Brosse. La compétence technique ou vétérinaire ne suffit pas non plus : il faut bien connaître le monde agricole, car la relation avec l’éleveur est primordiale dans l’organisation du travail. Un échographe ne travaille pas seul sur l’exploitation. Le métier demande, outre une passion pour les animaux, la capacité à travailler par tous les temps en extérieur. Il faut impérativement une bonne condition physique pour manipuler les brebis, même si des systèmes de contention soulagent l’opérateur.
Dernier élément à prendre en compte : la route. « Il faut aimer conduire, notre secteur est très grand, je fais 90 000 km par an. Je suis parfois même obligé de dormir à l’extérieur. » C’est pour cela que l’entreprise, victime de son succès, cherche à soulager le travail de Frédéric Brosse par l’embauche d’un second opérateur. Il met en garde cependant : « Ce n’est pas un travail de bureau, il faut absolument tester sur le terrain pour se rendre compte qu’il s’agit d’un métier passion, mais exigeant. » Un salaire attractif est proposé pour commencer : 2 000 € nets mensuels.
Marc Guilbaud, Tribune Verte n°3021