
La crise sanitaire complique l’arrivée des jeunes diplômés sur le marché du travail. Pour faciliter leur insertion, les entreprises se mobilisent et le Gouvernement a triplé le montant des aides dédiées.
Parlera-t-on d’une génération Covid ? Moins touchés sur le plan sanitaire que leurs aînés par le coronavirus, les jeunes diplômés sont, en revanche, durement impactés par la crise économique qui en découle. Leur entrée sur le marché de l’emploi s’en trouve retardée voire compromise. Selon la direction des statistiques du ministère du Travail (Dares), le volume des embauches de jeunes de moins de 26 ans (en CDI ou en CDD de plus de trois mois) a chuté de 14,2 % en 2020, par rapport à l’année précédente. Mécaniquement, le chômage des jeunes, sur la tranche d’âge des 16-24 ans, a progressé pour sa part de 2,6 points en un an pour atteindre 21,8 % au troisième trimestre 2020. Le plus dur pourrait être à venir avec la multiplication annoncée des plans sociaux une fois que les entreprises ne bénéficieront plus de l’assistance artificielle des aides de l’État. D’ores et déjà, les employeurs font preuve d’une grande frilosité. Elles sécurisent leurs rares recrutements en privilégiant des candidats ayant déjà au moins un an d’expérience professionnelle, écartant de facto les jeunes diplômés. Face à l’attentisme du marché, certains ont préféré prolonger leurs études et différer d’autant leur recherche d’emploi. La situation des quelque 750 000 jeunes arrivés sur le marché du travail en septembre 2020 est, bien sûr, contrastée. Un bon diplôme reste un précieux sésame pour traverser la période de turbulences et les jeunes ingénieurs des filières agricole, agroalimentaire et environnement s’en sortent, a priori, bien. Selon une enquête de SupAgro Montpellier portant sur 76 ingénieurs diplômés de la promotion 2019, sept ont vu leur embauche annulée et un seul a perdu son emploi. Seulement, cinq d’entre eux ont revu leurs prétentions salariales à la baisse.
La mobilisation nationale a sonné
D’autres jeunes diplômés subissent plus durement la crise et l’heure est à la mobilisation nationale. Avec le plan « 1 jeune 1 solution », le Gouvernement a débloqué un budget de 6,7 milliards d’euros, soit un triplement des aides habituellement dédiées aux jeunes. Ce dispositif, qui a été reconduit en janvier, prévoit une compensation de charges de 4 000 euros pour tout jeune recruté d’ici le 31 mars et une aide de 5 000 euros pour l’embauche d’un alternant de moins de 18 ans ou de 8 000 euros s’il a plus de 18 ans. Avec la mesure « Emploi franc », une prime exceptionnelle est accordée pour l’embauche d’une jeune résidant dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). Pour un CDI, elle s’élève à 7 000 euros la première année, puis à 5 000 euros par an les deux suivantes. Les entreprises ne sont pas en reste. Réunies autour du Collectif pour une économie plus inclusive, trente-cinq grandes entreprises s’engagent à renforcer l’accueil des apprentis (l’objectif de 2020 était de 70 000 alternants). Initié par les patrons de Danone et d’Axa, ce collectif comprend notamment Carrefour, Sodexo ou Veolia. Les initiatives peuvent être aussi locales. Par exemple, mi-novembre, l’ABEA (Association bretonne des entreprises agroalimentaires), Pôle emploi et l’Apec se sont mobilisés pour l’emploi dans l’agroalimentaire en Bretagne. Une semaine de manifestations pour rappeler que le terroir breton nourrit un Français sur trois et qu’il reste l’un des premiers recruteurs de la région.
XAVIER BISEUL (Tribune Verte N°2957)
Crédit photo : STUDIO ROMANTIC / ADOBE STOCK
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