« La filière bois et forêt victime de ses préjugés »

Bénédicte Muller, chargée de mission emploi-formation chez Fibois Auvergne-Rhône-Alpes, présente les métiers de la filière bois et forêt. Fibois France est une association représentant tous les secteurs d’activité de la filière, à travers douze interprofessions régionales. Fibois développe l’économie de la filière et participe notamment à l’attractivité des métiers et des formations.

Quels sont les métiers de la filière bois et forêt ?
Bénédicte Muller :
Il existe une trentaine de métiers très diversifiés qui vont de sylviculteur à exploitant forestier, jusqu’aux métiers du bois et de l’énergie. Dans le secteur forestier, les entreprises recherchent en particulier des opérateurs sylvicoles, un métier qui reste peu connu et s’exerce surtout en tant que saisonnier. Les opérateurs s’occupent de l’entretien des parcelles et de la plantation. Il y a aussi un besoin très fort en bûcheron manuel, notamment dans les zones montagneuses, où il n’y a pas d’accès pour les machines. Un autre métier peu connu est le conducteur d’engin forestier, qui s’occupe de l’abattage et du débardage des arbres. Ces métiers sont accessibles avec des formations comme le Bac pro forêt, le CAPa travaux forestiers, le BPA travaux forestiers ou le BP responsable de chantiers de bûcheronnage.

Quelles sont les compétences principalement recherchées dans ces métiers ?
B. M. :
Avant tout, il semble fondamental que les personnes aient un attrait pour les activités en extérieur et pour la forêt. Il est aussi primordial d’avoir une bonne connaissance technique des arbres. D’autre part, la sécurité est un point clé dans nos métiers : il est nécessaire de savoir appliquer des règles très strictes. Entretenir et réparer l’équipement de travail font également partie du quotidien. Pour finir, il faut parfois aimer travailler seul et être autonome.

Selon vous, quelles seront les nouvelles compétences à l’avenir ?
B. M. :
Le numérique a un impact certain sur les métiers forestiers. En effet, les machines forestières sont de plus en plus perfectionnées et cela demande une curiosité pour les comprendre et les utiliser. Il faut également être à l’aise avec les outils cartographiques. De plus, avec la crise énergétique, les métiers du bois et de l’énergie continuent de se développer. Les opérateurs de broyage sont d’ailleurs sollicités pour produire les plaquettes forestières destinées aux chaufferies collectives.

Quels sont les freins au recrutement dans la filière ?
B. M. :
Les métiers de la filière bois et forêt sont perçus comme difficiles et sont souvent victimes de préjugés. Le besoin d’emploi est important et même si de nombreuses formations sont proposées, il faut les rendre accessibles à un public plus large. En effet, les formations forestières sont souvent cantonnées aux régions rurales et restent éloignées des citadins. Par ailleurs, les adultes qui souhaitent se reconvertir peuvent se former à nos métiers, à travers les BPA, ou le BP responsable de chantier de bûcheronnage. Il existe aussi des formations spécifiques créées pour les demandeurs d’emploi sur certains territoires, cofinancées par Pôle emploi et Ocapiat. N’hésitez pas à vous rapprocher des établissements de formation forestière, ils sont tous répertoriés sur le site métiers-foret-bois.org.

Amélie Di Bella

Chiffres clés : La filière bois et forêt en France

  • Environ 4 200 projets de recrutement dans le secteur forestier en 2023.
  • 16,9 millions d’hectares de forêt soit 31 % du territoire métropolitain.