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Agriculture des régions chaudes : Le BTSA DARC met l'accent sur le projet professionnel

Agriculture des régions chaudes : Le BTSA DARC met l'accent sur le projet professionnel

Une formation, uniquement dispensée dans les DOMTOM allie savoirs théoriques, pratique de terrain et mise en situation professionnelle. Il s’agit du BTSA Darc qui recrute environ 16 étudiants chaque année au lycée agricole Émile-Boyer de la Giroday, à La Réunion. Ces jeunes ont globalement un point commun : le désir de s’installer en tant qu’agriculteur.

«Les étudiants du BTSA Darc ont une forte possibilité d’insertion professionnelle dans l’agriculture, à la Réunion et à l’étranger », assure François Legros, coordinateur de la formation depuis 30 ans au lycée agricole Émile-Boyer de la Giroday, à La Réunion. Le BTSA développement de l’agriculture des régions chaudes (Darc), uniquement dispensé dans les DOM-TOM, allie connaissances générales et techniques agricoles. La formation est ouverte aux titulaires d’un baccalauréat général scientifique, technologique STAV, professionnel agricole ou autre.

« Un tiers des étudiants de la formation, soit trois à cinq, viennent de l’extérieur, précise François Legros. En effet, des étudiants arrivent de métropole, avec de préférence une formation agricole de niveau Bac. Nous acceptons aussi les étudiants de la zone océan Indien. Par exemple, dans la promotion actuelle, nous avons deux Malgaches et un étudiant de la Côte d’Ivoire. » Toutefois, le coordinateur ajoute que la priorité est donnée aux jeunes réunionnais qui ont suivi une formation agricole sur l’île, mais surtout à ceux qui ont le projet de reprendre l’exploitation de leurs parents.

« La formation s’appuie sur le projet professionnel de l’étudiant », indique le lycée agricole Émile-Boyer. Ainsi, les jeunes sont confrontés très tôt au milieu professionnel : sur les deux années scolaires, les étudiants passent 58 semaines en établissement et 16 semaines en stage. « Il y a un stage examen de huit semaines qui se déroule tout au long de la formation, en trois périodes distinctes, explique François Legros. Les étudiants travaillent sur une exploitation agricole réunionnaise de leur choix, mais pas celle de leurs parents ! »

Un module d’initiative locale aux Seychelles

Ensuite, les étudiants ont la possibilité de partir à l’étranger pour leur deuxième stage de huit semaines qui peut être financé par la région et le programme Erasmus. « Plus de la moitié de la promotion est partie à l’extérieur l’an dernier : en métropole, en Hollande, en Belgique, en Hongrie, mais aussi en Australie ou au Canada, précise le coordinateur du BTSA. Partir à l’étranger permet de comparer les systèmes de production. » En fonction de leur projet, les étudiants peuvent partir dans une exploitation agricole, une OPA, un centre de recherche ou un syndicat. « Il est important de noter que quelques diplômés travaillent à l’étranger : deux ont continué leur parcours professionnel à Madagascar et deux autres en Afrique du Sud », rajoute François Legros.

D’autre part, les connaissances théoriques sont appliquées de façons concrètes avec des exercices sur le terrain. En effet, les étudiants réalisent des études de cas en situation réelle : diagnostics de territoires ou études des grandes filières de productions agricoles de La Réunion. La promotion actuelle a d’ailleurs eu l’occasion de réaliser un module d’initiative locale aux Seychelles et une étude des systèmes agraires à l’île Rodrigue pendant 15 jours. Le BTSA Darc propose de travailler « sur des supports tropicaux tout en conservant toute la valeur nationale du diplôme », indique le lycée agricole réunionnais. En plus du stage, le BTSA donne aux étudiants l’accès à un réseau de professionnels qualifiés. Ils ont d’ailleurs  l’occasion de participer à des forums ou Salons, tels que le forum de l’installation, organisé avec la chambre d’agriculture de La Réunion ou le Salon de l’agriculture à Paris. Rentrée 2024 : ouverture de la formation en apprentissage Après l’obtention de leur diplôme, les  étudiants peuvent poursuivre leurs études avec un autre BTS, diverses licences professionnelles (agronomie, agriculture biologique…) ou une école d’ingénieur. « Environ 25 % de nos diplômés poursuivent leurs études, en métropole et à La Réunion », indique François Legros. D’autre part, les diplômés sont « sûrs à 99 % de trouver un emploi dans l’année qui suit leur formation », appuie le coordinateur. Bien que la plupart des étudiants aient un projet de reprise d’exploitation, il estime que 85 % des diplômés travaillent trois à quatre ans sur un poste avant de s’installer. Les débouchés types sont techniciens agricoles et conseillers, en chambre d’agriculture, en centre de recherche, dans une  coopérative, en assurance etc.

Le lycée agricole Émile-Boyer de la Giroday annonce ouvrir le BTSA Darc en apprentissage à partir de la rentrée 2024. « Nous allons donner la possibilité aux jeunes, notamment les enfants d’agriculteurs avec un projet de reprise, de faire un contrat d’apprentissage chez leurs parents », explique François Legros. L’internat de l’établissement (labellisé internat d’excellence) permet d’accueillir les étudiants dans les meilleures conditions.

— Amélie DI BELLA (Tribune Verte 3031)

Théo Orselle, étudiant en deuxième année du BTSA Darc au lycée agricole Émile-Boyer de la Giroday (La Réunion) : « M’instakker en tant que maraicher »

« Je suis petit-fils d’agriculteur et j’ai toujours voulu faire de l’agriculture. Après un baccalauréat scientifique, j’ai postulé à différents BTS agricoles sur Parcoursup et j’ai été sélectionné au lycée Émile-Boyer de la Giroday. Mon objectif est de m’installer en tant que maraîcher avec ma mère pour monter un projet commun. Le BTSA Darc m’a permis de découvrir de nouvelles matières comme l’agronomie, la  zootechnie, l’écologie… De plus, je suis parti en Dordogne dans une exploitation qui réalise des pratiques agricoles que je souhaiterais mettre en place sur ma future exploitation. J’ai pu apprendre les techniques de sol vivant et de non-labour. Ces pratiques me seront très utiles pour mon projet d’installation, car j’aimerais mettre en place un système similaire sur sol vivant, limiter les intrants au maximum et me convertir en bio. »

Nouveauté :  Place au BTSA ACS'AGRI à la rentrée 2025

La rénovation du BTSA Darc, pour développement de l’agriculture des régions chaudes, est en cours. À la rentrée 2025, ce dernier fusionnera avec le BTSA Acse, analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole, pour donner naissance au BTSA Acs’agri. Ce nouveau diplôme se déclinera en deux options : transition agricole dans les territoires métropolitains et transition agricole dans les territoires ultramarins, qui permettront de contextualiser la formation aux enjeux respectifs des territoires d’Outre-mer et de l’Hexagone. Le nouveau référentiel prendra notamment en compte les évolutions de la filière, comme le changement climatique, le renouvellement des générations, la tertiarisation des activités agricoles ou encore l’insertion du numérique. Comme tous les BTSA rénovés, le BTSA Acs’agri sera organisé autour de huit blocs de compétences, dont trois en tronc commun et cinq spécifiques à chaque option. La délivrance d’attestations de blocs de compétences sera désormais possible. Cette réforme a également pour objectif d’inscrire le BTSA dans l’espace européen de l’enseignement supérieur en rendant possible une organisation de la formation en semestres.

Yann Maillot, étudiant en deuxième année du BTSA Darc au Lycée agricole Émile-Boyer de la Giroday (La Réunion) :  « Les produits de la Réunion ont un fort potentiel ! »

« J’ai pour projet de m’installer en vanille et en vergers diversifiés. J’ai pu réaliser mon stage à La Vanilleraie, à Sainte-Suzanne, où j’ai beaucoup appris. Mon deuxième stage était aussi à Sainte-Suzanne, avec Bertrand Côme, le directeur de La Vanilleraie, qui est aussi spécialisé en canne, ananas et volaille de chair. Dans notre formation, il y a beaucoup de mobilité. En première année de BTSA, nous sommes partis au Salon de l’agriculture à Paris, où nous avons tenu un stand. J’ai remarqué que La Réunion a un fort potentiel pour ses produits, car on voit bien que la métropole en raffole ! Nous sommes aussi allés aux Seychelles pour voir un projet de jardin agroécologique et pour enseigner aux Seychellois des méthodes. Ensuite, nous nous sommes rendus sur l’île Rodrigue pendant 15 jours pour faire une étude de système agraire. »